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Au Canada, l’écriture des noms géographiques obéit à des règles générales, qui ont été établies d’après les lignes directrices publiées par le Conseil du Trésor en 1983 et par le Secrétariat d’État en 1984. Ces règles indiquent notamment dans quels cas il est recommandé de traduire ou de ne pas traduire les noms géographiques anglais dans les textes français.
Un toponyme, c’est-à-dire au sens large un nom géographique, se compose d’un élément générique et d’un élément spécifique (voir aussi 3.3.7 Noms géographiques). Dans le cas d’une entité géographique, comme un lac, une rivière, une île, le générique est l’élément du toponyme qui identifie de façon générale la nature de l’entité :
Quant au spécifique, il identifie de façon particulière l’entité géographique :
Le nom officiel désigne la ou les formes d’un nom géographique approuvées par une autorité provinciale, territoriale ou fédérale. Ces formes figurent dans le Répertoire géographique du Canada, que le Comité permanent canadien des noms géographiques publie pour les provinces et les territoires à l’exception du Québec, et dans le Répertoire toponymique du Québec, que publie la Commission de toponymie du Québec.
Les règles énoncées plus loin s’appliquent essentiellement aux noms d’entités géographiques. Elles ne portent pas sur les catégories de noms géographiques suivantes :
Seules deux municipalités du Canada possèdent un nom ayant deux formes officielles : Grand-Sault ou Grand Falls, et Cap-des-Caissie ou Caissie Cape, toutes deux situées au Nouveau-Brunswick. Les autres villes ne possèdent qu’une seule forme autorisée. C’est notamment le cas pour St. John’s (Terre-Neuve) et Saint John (Nouveau-Brunswick). La forme française Saint-Jean, bien que passée dans l’usage, n’a aucun statut officiel.
Les 81 noms d’intérêt pancanadien, dont la liste a été établie par le Conseil du Trésor en 1983, ont une forme bien connue en anglais et en français (voir 11.1.9 Liste des noms d’intérêt pancanadien). Les deux formes ont un caractère officiel.
La liste des noms des parcs nationaux, des lieux historiques nationaux ainsi que des canaux et écluses historiques est diffusée par Parcs Canada.
Les noms scientifiques, et particulièrement les noms d’entités géologiques (plates-formes structurales, bassins tectoniques, boucliers, etc.), diffèrent des noms géographiques du fait qu’ils désignent des entités que l’on ne peut définir uniquement au moyen de critères géographiques (latitude, longitude et altitude). Cela dit, la démarcation entre nom géographique et nom géologique est parfois très floue. Seule la consultation des répertoires géographiques permet de déterminer si le nom du bassin X est bel et bien le nom géographique officiel.
Plusieurs noms d’entités sous-marines ont une forme française approuvée par le Comité consultatif des noms d’entités sous-marines et marines. Pour les connaître, on doit consulter le Répertoire des noms d’entités sous-marines.
Dans certaines circonstances, les autorités provinciales et territoriales admettent l’emploi de noms géographiques qui ne sont pas officiels. Lorsqu’il existe une variante française pour un nom officiel anglais, cette variante est préférée à toute autre forme française non officielle du toponyme (voir 11.1.10 Noms parallèles reconnus par les provinces).
En règle générale, le générique d’un nom d’entité géographique se traduit :
On utilise de préférence l’équivalent français indiqué dans le glossaire des Génériques en usage dans les noms géographiques du Canada, publié par le Bureau de la traduction (BT-176), à moins que l’usage n’en ait consacré un autre. Pour les entités importantes, le terme usité est celui qu’on trouve dans Atlas et toponymie du Canada, publié en 1969, et sur la carte du Canada à 1/2 000 000 en six feuilles, publiée en 1971.
Dans certains cas, le générique ne se traduit pas en français. Il peut alors être précédé du terme approprié :
Le générique n’indique pas la véritable nature de l’entité
Anglais | Français |
---|---|
Old Sea (lake) | le lac Old Sea (T.-N.-L) |
Beaver Brook (river) | la rivière Beaver Brook (T.-N.-L) |
Black Duck Pond (lake) | le lac Black Duck Pond (T.-N.-L) |
Le générique est rare ou emprunté à une langue étrangère
Anglais | Français |
---|---|
Robinson Bight (bay) | la (baie) Robinson Bight (T.-N.-L) |
Whale Grotto (cave) | la (caverne) Whale Grotto (T.-N.-L) |
Hanbury Kopje (hill) | la (colline) Hanbury Kopje (T.N.-O.) |
Le spécifique comporte un nom commun séparé du générique par une particule de liaison. On fait précéder le nom de l’article défini :
Anglais | Français |
---|---|
Bay of Two Rivers | la Bay of Two Rivers (Nt) |
Cascade of the Thirteen Steps | la Cascade of the Thirteen Steps (T.N.-O.) |
Islands of God’s Mercie | les Islands of God’s Mercie (Nt) |
Le toponyme est constitué du seul générique précédé de l’article The. L’article doit toujours être conservé tel quel :
Anglais | Français |
---|---|
The Falls (rapids) | les rapides (appelés, dénommés) The Falls (N.-É.) |
The Peak (shoal) | le haut-fond The Peak(N.-É.) |
Le générique n’a pas d’équivalent reconnu en français. On fait précéder le nom du générique approprié :
Anglais | Français |
---|---|
Nelson Deadwater | les eaux Nelson Deadwater (N.-B.) |
Caswall Tower | le mont Caswall Tower (Nt) |
Le spécifique anglais est un nombre ordinal
Anglais | Français |
---|---|
First Narrows | le passage First (C.-B.) |
Second Brook | le ruisseau Second (N.-B.) |
En règle générale, le spécifique ne se traduit pas :
Anglais | Français |
---|---|
River of Ponds Lake | lac River of Ponds (T.-N.-L.) |
On laisse le spécifique dans sa forme officielle (voir 11.1.1 Toponyme, générique et spécifique). Il faut aussi lui laisser toutes les particularités qu’il peut comporter, telles que les traits d’union, les marques du possessif (’), les accents, les apostrophes et les majuscules, sans rien ajouter ni retrancher :
Traits d’union
Anglais | Français |
---|---|
Clinton-Colden Lake | lac Clinton-Colden (T.N.-O.) |
Bell-Irving River | rivière Bell-Irving (C.-B.) |
mais
Anglais | Français |
---|---|
Graham Moore Bay | baie Graham Moore (Nt) |
Frederick House Lake | lac Frederick House (Ont.) |
Marques du possessif
Anglais | Français |
---|---|
Deadman’s Bay | baie Deadman’s (T.-N.-L.) |
Hermit’s Cove Point | pointe Hermit’s Cove (T.-N.-L.) |
Accents
Anglais | Français |
---|---|
Chéticamp Island | île Chéticamp (N.-É.) |
Point Enragée | pointe Enragée (T.-N.-L.) |
mais
Anglais | Français |
---|---|
Belanger Lake | lac Belanger (Sask.) |
Cape Enrage | cap Enrage (N.-B.) |
Apostrophes
Anglais | Français |
---|---|
Qu’Appelle River | rivière Qu’Appelle (Sask.) |
Cape M’Clure | cap M’Clure(T.N.-O. et Nt) |
Majuscules
Anglais | Français |
---|---|
Trompe l’Œil Point | pointe Trompe l’Œil (T.-N.-L.) |
Ebb and Flow Lake | lac Ebb and Flow (Man.) |
Certains adjectifs — tels que Lower (« inférieur »), Upper (« haut » ou « supérieur »), Big (« gros »), Small (« petit »), Grand (« grand »), Great (« grand »), Little (« petit »), Lesser (« bas » ou « inférieur ») et Middle (« moyen ») — se traduisent lorsqu’ils qualifient le générique et qu’ils ne tiennent pas lieu de spécifique. Ils prennent la majuscule :
Anglais | Français |
---|---|
Little Lake Francis | Petit lac Francis (Man.) |
Tangier Grand Lake | Grand lac Tangier (N.-É.) |
Little Main Restigouche River | Petite rivière Main Ristigouche (N.-B.) |
Noter que Ristigouche est la forme officielle en français (voir 11.1.9 Liste des noms d’intérêt pancanadien).
Les adjectifs ne se traduisent pas s’ils qualifient le spécifique ou qu’ils tiennent lieu de spécifique :
Anglais | Français |
---|---|
Big Mountain Lake | lac Big Mountain (Ont.) |
Little Current River | rivière Little Current (Ont.) |
Small Lake | lac Small (Man.) |
Les adjectifs Outer et Inner ne se traduisent pas :
Anglais | Français |
---|---|
Outer Duck Lake | lac Outer Duck (Ont.) |
Il est parfois difficile de déterminer si l’adjectif qualifie le générique ou le spécifique. En cas de doute, mieux vaut s’abstenir de traduire l’adjectif. Small Bear Lake, par exemple, se traduit par lac Small Bear et non par Petit lac Bear.
Comme les adjectifs, les points cardinaux se traduisent lorsqu’ils qualifient le générique et qu’ils ne tiennent pas lieu de spécifique. Ils sont apposés au spécifique sans trait d’union, et prennent la majuscule :
Anglais | Français |
---|---|
North Macmillan River | rivière Macmillan Nord (Yn) |
Little Southwest Miramichi River | Petite rivière Miramichi Sud-Ouest (N.-B.) |
North Big Salmon River | rivière Big Salmon Nord (Yn) |
Ils ne se traduisent pas lorsqu’ils qualifient le spécifique ou qu’ils tiennent lieu de spécifique :
Anglais | Français |
---|---|
East Pen Island | île East Pen (Nt) |
West Road River | rivière West Road (C.-B.) |
East Bay | baie East (T.-N.-L.) |
South River | rivière South (T.-N.-L.) |
En cas de doute, il faut s’abstenir de traduire le point cardinal. West Road Brook, par exemple, se traduit par ruisseau West Road et non par ruisseau Road Ouest.
En français, le générique est généralement apposé au spécifique sans particule de liaison. On emploie cependant une particule dans certains cas :
Il s’agit d’un nom de détroit ou de mer
Anglais | Français |
---|---|
Beaufort Sea | mer de Beaufort (T.N.-O.) |
Juan de Fuca Strait | détroit de Juan de Fuca (C.-B.) |
Lorsqu’il y a lieu d’exprimer un rapport d’appartenance ou lorsque le spécifique est emprunté au nom d’une autre entité. Par exemple, une vallée porte presque toujours le nom du cours d’eau qui l’arrose; parfois, un isthme porte le nom de la presqu’île qu’il relie au continent :
Anglais | Français |
---|---|
Fraser Valley | vallée du Fraser (C.-B.) |
Annapolis Valley | vallée de l’Annapolis (N.-É.) |
Boothia Isthmus | isthme de Boothia (Nt) |
Le spécifique est un nom propre séparé du générique par la préposition of
Anglais | Français |
---|---|
Gulf of Boothia | golfe de Boothia (Nt) |
Le spécifique est un nom commun français
Anglais | Français |
---|---|
Petit Paresseux Falls | chutes du Petit Paresseux (Ont.) |
Grande Anse River | rivière de la Grande Anse (N.-É.) |
L’usage a consacré l’emploi d’une préposition
Anglais | Français |
---|---|
Boothia Peninsula | presqu’île de Boothia (Nt) |
Niagara Escarpment | escarpement du Niagara (Ont.) |
Scarborough Bluffs | falaises de Scarborough (Ont.) |
Il arrive que l’on soit appelé à traduire le nom d’une entité géographique pour des raisons d’ordre historique, culturel ou autre. On inscrit alors le nom anglais officiel entre parenthèses. Ainsi le nom bassin des Mines, malgré son importance historique, n’est pas un nom officiel. Il faudra donc écrire, par exemple :
Dans certains cas, il peut être jugé nécessaire de rendre en français le contenu informatif du toponyme :
Dans l’exemple suivant, le nom est traduit à cause de son association à un nom d’intérêt pancanadien, le Grand lac des Esclaves :
Les noms d’intérêt pancanadien désignent les grandes entités géographiques du pays qui, pour des raisons historiques, ont un nom officiel distinct en anglais et en français.
Nom officiel — Équivalent reconnu
Plum River — rivière aux Prunes
Rat River — rivière aux Rats
rivière aux Marais — Marais River
Red River Floodway — canal de dérivation de la Rivière Rouge
Seine River Floodway — canal de dérivation de la Rivière Seine
Nom officiel anglais — Nom officiel français
Green River — rivière Verte
St. Francis River — rivière Saint-François
Second Falls — Deuxième Sault (chute)
Grand Falls (town) — Grand-Sault (ville)
Caissie Cape (rural community) — Cap-des-Caissie (communauté rurale)
Nom officiel — Nom parallèle approuvé
Detroit River — rivière Détroit
French River — rivière des Français
St. Clair River — rivière Sainte-Claire
On hésite souvent sur la façon correcte d’écrire les toponymes étrangers. Certains noms possèdent un équivalent reconnu en français — comme Barcelone, Floride, Londres ou Rome, — mais beaucoup d’autres sont orthographiés de diverses façons dans les dictionnaires. De même, quantité de lieux ne sont pas désignés sous le même nom d’une langue à l’autre, notamment en anglais et en français. C’est le cas d’un bon nombre de villes qui ont conservé leur appellation originale en anglais, mais non en français :
Il faut donc toujours faire preuve de prudence dans ce domaine. Devant les caprices de l’usage, le rédacteur doit consulter les sources récentes les plus fiables, c’est-à-dire les bons dictionnaires de noms propres, les dictionnaires bilingues et les publications sérieuses de langue française.
L’orthographe des noms géographiques varie parfois d’un ouvrage à l’autre. Par exemple, le nom du Koweït s’écrit selon différents dictionnaires et encyclopédies Koweït, Koweit, Kuwait ou Kuweit. Pour la capitale de la Somalie, on relève les variantes Mogadiscio, Mogadishu, Muqdisho. Si l’on veut faire un choix éclairé, il faut s’appuyer sur certains principes :
Employer une forme courante. Il faut éviter les graphies parfaitement françaises mais qui sont inexistantes ou qui n’ont plus cours. Ainsi on doit écrire :
Lorsque l’usage est hésitant, on doit néanmoins choisir la forme la plus française possible. Par exemple, Koweït est préférable à Kuwait. De même, on évitera d’écrire Muqdisho au lieu de Mogadiscio.
Tenir compte de l’évolution de l’usage. L’usage anglais finit par s’imposer dans certains cas. Djakarta s’écrit souvent Jakarta; Hanoï est devenu Hanoi. De même, des pays changent de nom, par exemple :
Les nouvelles appellations ont préséance même si elles ne sont pas toujours entrées dans l’usage courant. On entend encore parler de la Birmanie, mais il ne s’agit plus du nom officiel de ce pays.
Éviter les graphies trop savantes. En français, on peut soit conserver, soit omettre les signes diacritiques des langues étrangères, tels que les accents graves, les accents aigus, les trémas, les tildes, les barres, etc. Ces signes servent à marquer l’accent tonique, surtout dans les langues latines :
ou bien à modifier la prononciation d’une lettre :
Certaines de ces graphies sont couramment employées. Aujourd’hui, le français, comme les autres langues, tend toutefois à normaliser l’orthographe des mots qu’il emprunte aux langues étrangères. Aussi est-il préférable en général d’éviter certaines graphies qui visent à refléter la prononciation exacte du nom dans la langue d’origine, comme :
Il est important de ne pas ajouter de signes de son propre chef : à moins que le rédacteur ait une connaissance parfaite de la langue en question, ce genre d’exercice peut s’avérer périlleux.
On trouve généralement le genre des noms de pays dans les dictionnaires courants (voir aussi 11.2.8 Liste des États souverains). Il est beaucoup plus difficile cependant d’y trouver celui des appellations qui désignent les États fédératifs, les régions, les villes, etc. Les dictionnaires et les encyclopédies n’en mentionnent habituellement pas le genre, bien que parfois un accord de participe dans le corps d’un article puisse nous éclairer. Et une fois connu le genre, il reste encore à savoir si le nom requiert l’article ou non.
Les ouvrages hésitent à se prononcer parce que l’usage n’est pas toujours fixé, tant pour le genre que pour l’emploi de l’article. Il existe heureusement des moyens de se tirer d’affaire :
Si aucun genre n’est indiqué. On peut employer un générique comme « l’État de », « la province de », « la région de », etc. :
Si le genre est indiqué. Le toponyme est parfois suivi de la mention « n. m. » ou « n. f. ». Il ne reste plus qu’à savoir s’il requiert l’article ou non. Si la réponse ne se trouve pas dans le corps du texte, on peut supposer que le toponyme exige l’article, comme c’est le cas la plupart du temps :
Si le genre est connu mais que les ouvrages se contredisent. Par exemple, Sri Lanka est féminin et s’écrit sans article selon Le lexique des Nations Unies, tandis que certains dictionnaires lui attribuent le genre masculin avec article (le Sri Lanka). En ce qui concerne les noms de pays, il est préférable de suivre l’usage adopté par les grands organismes internationaux.
Lorsqu’un substantif et un adjectif forment un toponyme administratif, ils sont reliés par un trait d’union, et chacun des termes commence par la majuscule [voir aussi 3.3.7b) Noms géographiques]. Car il ne faut pas confondre Australie occidentale et Australie-Occidentale : la première expression est une dénomination géographique qui désigne de façon générale la partie Ouest de l’Australie, tandis que la seconde est la dénomination administrative officielle de l’un des six États fédératifs formant l’Australie. D’où le trait d’union et la majuscule à « Occidentale ».
Lorsque plusieurs toponymes sont juxtaposés pour désigner un État, il convient de les relier par des traits d’union :
Si, au contraire, les toponymes ne sont employés que dans un sens géographique, on ne met pas de trait d’union :
Il arrive que l’on crée une dénomination administrative en juxtaposant deux toponymes de genres différents. Dans ce cas, l’euphonie veut que l’on confère à la nouvelle entité le genre du premier substantif :
Lorsqu’un toponyme comprend un point cardinal introduit par la préposition de ou l’article contracté du, les éléments ne sont pas reliés par un trait d’union :
Si le toponyme comporte en outre un adjectif, cet adjectif est relié au reste du nom par un trait d’union :
Si un toponyme comprenant un point cardinal est juxtaposé à un autre toponyme pour former une dénomination administrative, tous les éléments sont reliés par des traits d’union :
La juxtaposition directe d’un toponyme et d’un point cardinal, sans préposition ou article contracté, exige trait d’union et majuscules initiales :
Le nom des océans fait exception à cette règle :
Le gentilé des toponymes qui comportent un point cardinal se forme avec le trait d’union et la majuscule initiale :
Toutefois, ces formes, quoique répandues, peuvent être remplacées par des tournures plus françaises, mais plus longues :
Les noms de villes qui commencent par un article prennent le genre de ce dernier. Ainsi, Le Caire, Le Cap sont masculins et La Nouvelle-Orléans, La Paz sont féminins.
Pour les autres noms de villes, il n’existe pas de règle précise. L’usage ne marque pas de préférence pour le masculin ou pour le féminin, si ce n’est que le féminin se rencontre peut-être plus souvent dans les œuvres littéraires, tandis que le masculin semble vouloir s’imposer dans les textes plus courants; mais cette tendance n’est pas très nette.
La plupart des noms de villes ne comportent pas d’article initial. En position de complément, ils se font précéder de la préposition à , sans article :
Cette règle s’applique notamment aux villes qui portent le nom du pays dont elles sont la capitale :
Lorsqu’ils désignent l’État plutôt que la ville, les noms de Djibouti, Monaco, Saint-Marin et Singapour ne prennent pas non plus l’article. On écrira donc, dans ce cas aussi :
Mais Guatemala, Koweït, Luxembourg et Panama, quand ils désignent le pays, exigent l’article. Ils sont précédés de l’article contracté au :
Il vaut mieux éviter des expressions comme Guatemala City, qui n’ont pas d’utilité réelle en français.
Les noms de villes changent plus souvent que les autres noms géographiques. La recherche de la pureté linguistique, la fin du colonialisme ou divers bouleversements politiques peuvent expliquer cet état de choses. Ainsi, beaucoup de toponymes déchus ont refait surface dans les pays de l’ancienne URSS :
D’autres ont changé pour diverses raisons, comme Alma Ata, qui est devenu Almaty. Dans le cas particulier de la Chine, l’adoption du système de transcription pinyin, en 1979, a entraîné une mutation spectaculaire de nombreux toponymes, par exemple :
Ces nouvelles appellations sont officielles et doivent être employées.
Des toponymes tombent parfois en désuétude, remplacés par d’autres dont l’orthographe est conforme à la langue originale ou à l’anglais. Par exemple, New Delhi et Vilnius ont supplanté Nouvelle-Delhi et Vilnious. Cette évolution est constante. Dans tous les cas, les dictionnaires les plus récents donnent une bonne idée de l’usage.
Les ouvrages de langue ne sont pas clairs en ce qui concerne le genre grammatical des noms d’îles, et on constate que l’usage est fluctuant. C’est ce qui explique certaines variations dans les dictionnaires, comme dans le cas de Bornéo, féminin pour les uns, masculin pour les autres.
Certains auteurs proposent d’attribuer le genre masculin à toute île ayant le statut d’État, comme Bornéo, Madagascar, Porto Rico. Mais c’est une distinction qui n’est pas toujours évidente : par exemple, Fidji, État souverain, serait masculin, et Tahiti, territoire d’outre-mer français, serait féminin.
En fait, la façon la plus simple de procéder est de considérer que les noms d’îles sont généralement féminins, et de leur attribuer le genre féminin même lorsqu’il s’agit d’États. La règle ne comporte alors que deux exceptions :
Pour les noms d’archipels, un certain nombre prennent le genre masculin, même si chaque île qui compose l’archipel est du genre féminin. C’est le cas de Saint-Kitts-et-Nevis, de Saint-Vincent-et-les Grenadines, de Saint-Pierre-et-Miquelon, des îles Ryu-Kyu et du Vanuatu.
Un grand nombre d’îles connues ainsi que les îles moins connues ne prennent pas l’article :
Mais un certain nombre d’îles parmi les plus connues exigent l’article :
D’autre part, certains noms d’îles, qui sont en fait des archipels, s’emploient toujours au pluriel et exigent l’article les :
On emploie bien sûr la préposition à devant les noms d’îles qui ne prennent jamais l’article — et donc devant la plupart des noms d’îles, — mais aussi devant un certain nombre qui prennent l’article :
Mais un bon nombre d’îles connues qui réclament l’article se font précéder de la préposition en :
Il faut noter que l’usage tend à mettre la préposition en devant presque tous les noms d’îles qui s’énoncent avec un article. C’est pourquoi on voit souvent :
Ces formes ne sont pas fautives. D’autre part, on rencontre couramment les deux formes à Haïti et en Haïti. Certains grammairiens déconseillent dans ce cas l’emploi de en, qui est par ailleurs recommandé par les Nations Unies. L’usage reste très fluctuant sur ce point.
Les noms pluriels d’archipels commandent la préposition aux :
On sait qu’en général les noms d’îles s’emploient sans le générique île :
Mais certains noms prennent obligatoirement le générique. Ainsi, on écrit :
Il en va de même pour Maurice, que l’usage fait le plus souvent précéder du mot île :
Pour certains noms d’îles qui requièrent l’article les, l’emploi du générique reste facultatif :
Quant aux innombrables petites îles dont on ne sait pas si le nom exige l’emploi du générique, il est préférable d’employer île, suivi du spécifique :
Dans un texte courant, on laisse la minuscule initiale au mot île, comme pour les autres génériques. Toutefois, lorsqu’il est question de l’État souverain, il est d’usage de mettre la majuscule :
La translittération est la transposition en caractères latins des sons d’une langue qui ne s’écrit pas en caractères latins. Ainsi, les noms russes, arabes, grecs, entre autres, doivent être translittérés à des fins évidentes de clarté, car combien, par exemple, reconnaîtraient en lisant : MOCKBA, le nom de Moscou?
La translittération s’effectue selon le système phonétique de la langue d’arrivée. C’est ce qui explique que des noms russes, entre autres, ne s’écrivent pas de la même manière en anglais et en français. Idéalement, dans ce cas, il faudrait pouvoir consulter un ouvrage sur la langue russe comportant une table de conversion des caractères cyrilliques vers le français, ou encore la table de conversion établie par la Library of Congress, aux États-Unis, ou celle de l’Organisation internationale de normalisation (norme ISO).
Dans la pratique, il faut souvent passer par une langue intermédiaire, généralement l’anglais, pour connaître la translittération française d’un nom. On part d’une première translittération, par exemple du russe vers l’anglais, avant d’en faire une seconde, de l’anglais vers le français. On doit alors décrypter la phonétique à travers l’anglais et transposer les sons en français.
La meilleure façon d’y parvenir est de lire à haute voix le nom tel qu’il est écrit en anglais, et de retranscrire chaque son avec une orthographe française. Il faut porter une attention particulière aux sons suivants :
Bien sûr, cette méthode vaut également pour les noms de personnes. Voici quelques exemples de noms géographiques ainsi que de noms de personnes translittérés en anglais, puis en français :
La translittération des noms russes est particulièrement complexe. Le tableau qui figure au paragraphe 11.2.7 Tableau de translittération des noms russes, vise à faciliter la tâche du rédacteur.
Toute langue qui ne s’écrit pas en caractères latins devrait normalement se translittérer. Il existe toutefois de nombreuses exceptions, notamment parmi les langues orientales.
Voici une liste non exhaustive des langues qui requièrent la translittération : afghan, arabe, arménien, azéri, biélorusse, géorgien, grec, hébreu, kazakh, kurde, mongol, ouzbek, russe, serbe, tadjik, turkmène, ukrainien.
RemarqueDans la pratique, les noms issus de ces langues ne sont pas toujours écrits selon une graphie impeccablement française. L’usage impose souvent une graphie s’inspirant, en tout ou en partie, de l’anglais. C’est particulièrement le cas de l’arabe et de l’hébreu. En témoignent les noms d’anciens premiers ministres israéliens :
Cette tendance à l’anglicisation n’est pas constante; on consultera chaque fois un dictionnaire récent afin de connaître l’usage.
Les langues écrites en caractères latins, par définition, ne se translittèrent pas. Ainsi les noms géographiques des langues suivantes gardent la même forme en français : albanais, allemand, anglais, croate, espagnol, hongrois, italien, roumain, slovaque, slovène, suédois, tchèque, turc, etc. Rappelons qu’en français on peut soit conserver, soit omettre les signes diacritiques de ces langues (voir 11.2.1 Orthographe). Exemple : les îles Aland ou Åland (nom suédois d’un archipel finlandais).
Les langues qui s’écrivent avec des symboles ne se translittèrent pas non plus. C’est le cas d’un bon nombre de langues orientales. En théorie, il existe pour chacune des langues orientales un système de transposition vers le français. En pratique, les noms birmans, coréens, japonais, ourdous et thaïlandais, entre autres, s’écrivent de la même manière en anglais et en français. Exemple : Tokyo ou Tokyo. Notons en passant que le vietnamien s’écrit en caractères latins et, donc, qu’il ne se translittère pas.
Le chinois est un cas particulier. Depuis le 15 juin 1979, le Secrétariat des Nations Unies emploie le système de transcription pinyin pour les noms chinois. Ces derniers sont maintenant transcrits de façon uniforme dans toutes les langues à alphabet latin. L’adoption du pinyin a occasionné une mutation importante de l’orthographe de certains noms géographiques connus :
Tout comme les noms géographiques, les noms de personnes qui s’écrivent en caractères latins ne se translittèrent pas. On écrit :
Quant au système de transcription pinyin, il s’applique bien sûr aussi aux noms de personnes :
GRAPHIE ANGLAISE |
GRAPHIE FRANÇAISE |
EXEMPLE ANGLAIS |
EXEMPLE FRANÇAIS |
---|---|---|---|
ai | aï | taiga Kolontai | taïga Kolontaï |
in (déb. mot) | in (prononcé ine) | Intourist | Intourist |
in (fin mot) | ine | Lenin | Lénine |
oy | oï/oy | Tolstoy | Tolstoï Tolstoy |
u | ou | Kursk | Koursk |
ye (déb. mot) | ié/yé | Yedov | Yédov Iédov |
y (fin mot) | i/y | Trotsky | Trotsky Trotski |
ya (déb. mot) | ia/ya | Yalta | Ialta Yalta |
ya (fin mot) | ia | Katya | Katia |
yu | iou | Ryukov | Rioukov |
ch | tch | Chernobyl | Tchernobyl |
dzh | dj | Dzhambul | Djamboul |
kh | kh | Mikhail | Mikhaïl |
sh | ch | Shostakovich | Chostakovitch |
shch | chtch | Shcharansky | Chtcharansky |
zh | j | Brezhnev Zhukov | Brejnev Joukov |
Cette liste des États souverains est celle utilisée par les traducteurs du Bureau de la traduction affectés au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. Nous la fournissons à titre indicatif : elle est généralement conforme à celle des grands organismes internationaux, comme l’ONU.
L’ONU préconise l’emploi de l’article.
L’ONU propose la forme : l’El Salvador (et en El Salvador).
L’usage est fluctuant. Les grands organismes internationaux comme l’ONU préconisent le féminin sans article : Sri Lanka, à Sri Lanka. Au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, on privilégie de plus en plus l’article et le masculin : le Sri Lanka, au Sri Lanka.
Ce nom comporte de multiples graphies, dont Viet Nam, recommandée par l’ONU.
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