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Nouvelle orthographe : un sujet bien d’actualité

Georges Farid
(L’Actualité langagière, volume 7, numéro 1, 2010, page 12)

Cet article est conforme à la nouvelle orthographe.

Les rectifications orthographiques font beaucoup parler. Loin de faire l’unanimité, elles suscitent des opinions divergentes. Certains les approuvent, d’autres les décrient. Cet article ne vise pas à exposer dans le détail les rectifications orthographiques. L’auteur se propose plutôt de présenter les divergences d’opinions sur la question, qu’il s’agisse de quelques soubresauts des adversaires, de l’euphorie des partisans ou de l’engouement sporadique des médias, et il montre en quoi consistent les rectifications, avec leurs avantages et leurs inconvénients.

Les rectifications orthographiques d’hier à aujourd’hui

De 1694 à 1975, l’orthographe française a connu au moins sept phases d’ajustement. Les Rectifications de l’orthographe de 1990 sont les derniers changements enregistrés à ce jour. Ces rectifications touchent essentiellement à quatre domaines : le trait d’union et la soudure, le singulier et le pluriel des noms composés et des mots étrangers, les accents et le tréma, les consonnes doubles. De plus, quelques familles de mots ont été harmonisées, et le participe passé laissé suivi d’un infinitif est maintenant invariable.

Retournons en arrière pour relater les faits marquants de l’histoire de la langue française depuis 1694.

1694 : L’Académie française publie la première édition de son Dictionnaire, qui comprend 18 000 mots. L’Académie concilie alors l’ancienne orthographe, fidèle à l’étymologie, et l’orthographe fondée sur la prononciation telle que proposée par les réformateurs de l’époque.

1740 : La troisième édition du Dictionnaire change la graphie de plus de 5000 mots.

1835 : La sixième édition du Dictionnaire modifie certaines orthographes : j’avois devient j’avais, aimoit devient aimait, croie devient craie, des enfans devient des enfants, etc.

1932-1935 : L’Académie française, dans la huitième édition de son Dictionnaire, change l’orthographe d’environ 500 mots, dont grand’mère remplacé par grand-mère.

1952 et 1965 : Le ministre français de l’Éducation nationale demande deux rapports Beslais*, qui se soldent par le néant : la proposition de réforme n’est pas adoptée.

1972 : On demande au Conseil international de la langue française un autre projet de réforme, fondé sur une étude de René Thimonnier.

1989 : Le premier ministre français, Michel Rocard, demande au Conseil supérieur de la langue française des aménagements orthographiques destinés à éliminer un certain nombre d’anomalies et de contradictions entre les dictionnaires.

Décembre 1990 : Le rapport définitif du Conseil supérieur est publié en France au Journal officiel de la République française sous le titre Les rectifications de l’orthographe1.

1991 : En Belgique, André Goosse fonde l’Association pour l’application des recommandations orthographiques, afin de bien faire connaitre les rectifications. En France existait déjà l’Association pour l’information et la recherche sur les orthographes et les systèmes d’écriture, dont la fondatrice est Nina Catach.

2000 : En Suisse est fondée l’Association pour la nouvelle orthographe.

2001 : Les trois associations de la Belgique, de la France et de la Suisse créent le Réseau pour la nouvelle orthographe du français (RENOUVO) et conçoivent le Vadémécum de l’orthographe recommandée, dont le surtitre est Le millepatte sur un nénufar. Il sera supplanté, en juin 2009, par le Grand vadémécum de l’orthographe moderne recommandée.

2002 : Est fondé à Paris le Groupe de modernisation de la langue, qui a mis en place le site officiel www.orthographe-recommandee.info, lequel contient un résumé et les détails des rectifications orthographiques.

2004 : Au Québec, Annie Desnoyers, Karine Pouliot et Chantal Contant fondent le Groupe québécois pour la modernisation de la norme du français (GQMNF). L’objectif fondamental du GQMNF est de diffuser, au sein de la population, les changements dans la norme du français approuvés par des instances francophones compétentes. L’Office québécois de la langue française fait savoir qu’il applique déjà les nouvelles graphies dans le cas des néologismes et des emprunts figurant dans le Grand dictionnaire terminologique et qu’il donnera priorité aux nouvelles graphies dans la mesure où elles sont attestées dans les dictionnaires usuels. Le Dictionnaire Hachette et le Dictionnaire de l’Académie française indiquent déjà toutes les graphies rectifiées.

Avril 2007 : À l’instar de la Belgique et de la Suisse, le ministère de l’Éducation nationale en France précise sa position sur la nouvelle orthographe dans son Bulletin officiel : « On s’inscrira dans le cadre de l’orthographe rectifiée. Les rectifications définies par l’Académie française ont été publiées au Journal officiel de la République française le 6 décembre 1990, édition des Documents administratifs. Elles se situent tout à fait dans la continuité du travail entrepris par l’Académie française depuis le XVIIe siècle, dans les huit éditions précédentes de son Dictionnaire2. »

2008 : En Belgique, les écoles doivent enseigner la nouvelle orthographe. Des circulaires ministérielles indiquent que « les professeurs de français de tous niveaux sont invités à enseigner prioritairement les graphies rénovées » dès la rentrée scolaire 2008. Environ 200 000 exemplaires d’une publication gouvernementale de quatre pages sont distribués dans les écoles belges.

2009 : À la suite d’une pétition envoyée en ligne par le GQMNF aux usagers de la langue française, Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009 reconnait 61 % des graphies modernes. Par exemple pizzéria au lieu de pizzeria, des après-midis (avec s régulier au pluriel), un compte-goutte (sans s au singulier), millepatte (soudé et sans s au singulier, comme millefeuille), imbécilité (avec un seul l, comme imbécile), charriot (avec deux r, comme charrette)… Le Petit Larousse illustré 2009 ne mentionne que 39 % des graphies rectifiées, dans les entrées des mots eux-mêmes. Au début de ce dictionnaire, 11 pages sont consacrées aux nouvelles graphies, présentées sous forme de liste alphabétique.

Pour ou contre les rectifications orthographiques

Depuis la publication des Rectifications de l’orthographe, dans le Journal officiel de la République française du 6 décembre 1990, des esprits s’agitent, des scripteurs sont ahuris.

Les pourfendeurs des rectifications orthographiques pensent que celles-ci ne sont qu’un nivèlement par le bas pour les paresseux et les incultes. Selon eux, il faut que la nouvelle génération apprenne, comme ce qui a été imposé aux générations précédentes, toutes les règles de la grammaire avec ses difficultés et exceptions, de même que le lexique, quelles que soient leurs bizarreries; cela forme l’esprit. Dans L’Express du 18 avril 2005, Anne Vidalie rappelle que les Français s’étripent sur le sujet de l’orthographe et que, dès le début de l’Académie française en 1635, une querelle a opposé les Anciens, qui ne voulaient pas la modifier parce que sa connaissance permet de « distinguer les honnêtes hommes des simples femmes et des enfants », et les Modernes.

Les adversaires avancent que la forme graphique des mots est le reflet de l’histoire de la langue et des cultures successives. Beaucoup de mots ont une origine latine ou grecque ou autre… et vouloir rapprocher leur orthographe de la prononciation serait les disjoindre de leur origine, les déraciner de leur histoire.

Ces opposants croient que les rectifications annoncent la transformation de l’orthographe, qui en viendra à se modeler sur l’oral. Ils notent également que les rectifications introduisent de nouvelles exceptions qui ne sont pas plus simples à retenir.

Les partisans, quant à eux, soulignent l’importance de rendre plus logique la langue française, afin de simplifier son apprentissage et de favoriser sa maitrise par tous les francophones et les allophones. Comme le fait remarquer Hubert Joly, « en faisant la toilette des dictionnaires, les Rectifications orthographiques mettent fin à des incohérences qui étaient parfois des défis au bon sens3 ». Par ailleurs, même les partisans des Rectifications de l’orthographe, dont de nombreux enseignants, sont mécontents de la superficialité des rectifications, qui se sont essentiellement concentrées sur l’orthographe d’usage, alors qu’il aurait fallu, selon eux, simplifier l’orthographe grammaticale à l’instar de l’Académie française qui, en 1679, avait décrété que les participes présents seraient désormais invariables.

En dehors de quelques cas particuliers comme je cèderai, il complètera… (depuis les rectifications) au lieu du traditionnel je céderai, il complétera…, la langue écrite suit ses besoins spécifiques, et les recommandations de 1990 ne gravitent pas autour d’une simplification vers la phonétique mais plus vers l’élimination des bizarreries orthographiques comme imbécillité (malgré imbécile), chariot (malgré charrette)…

Charles Müller, créateur du site Orthonet, dit dans L’Express du 18 avril 2005 : « En simplifiant l’orthographe, on améliorerait l’image du français. Au moins pourrait-on donner un signe de bonne volonté en supprimant les sottises les plus évidentes, comme ce fameux événement qui doit son deuxième accent aigu au fait qu’un imprimeur, en 1736, s’est trouvé à court d’accents graves. »

Franck Ramus, spécialiste de l’apprentissage du langage, souligne que « la complexité de l’orthographe française n’affecte pas que les dyslexiques, mais tous les enfants. En effet, sa maitrise demande dix ans d’efforts intensifs en France, contre six mois en Italie et en Finlande. C’est du temps perdu qui pourrait être consacré à des apprentissages plus utiles. Peut-être n’est-ce pas un hasard si la Finlande, où l’écriture est la plus régulière au monde, est aussi le pays dont les élèves affichent les meilleures performances scolaires4. »

Nina Catach, réputée pour ses nombreuses recherches scientifiques en orthographe, souligne que le « niveau s’élève. On n’a pas touché aux règles, on les a renforcées. Les exceptions favorisent chez l’enfant le trouble et l’injustice à son égard, car on le pénalise lorsqu’il applique les règles (avènement / événement, lève / lèverai mais cède / céderai) […] Le raisonnement prendra la place de la mémoire, et l’enfant pourra vraiment être jugé là-dessus5. »

Chantal Contant, spécialiste des rectifications orthographiques au sein du GQMNF, note que « la nouvelle orthographe prend sa source dans les régularités que ces règles modernes véhiculent, dans la cohérence que ces ajustements sages et limités apportent au système orthographique6 ». 

Les rectifications orthographiques à pas de tortue

Bien que les rectifications orthographiques de 1990 aient trouvé une caution officielle, elles ont soulevé un tollé important dans les premières années, et ce n’est que plus de 15 ans plus tard qu’elles s’implantent en douce. Christine Petit relève des facteurs qui expliquent cette lenteur, en Belgique, en France, au Québec et en Suisse : « l’orthographe dans son aspect académique est perçue comme un rempart contre l’effritement de la soi-disant excellence du français; […] l’orthographe apparait comme un patrimoine dont la préservation assurerait sa part de responsabilité dans la viabilité internationale du français […]; l’orthographe […] est un gage de confiance en cette éprouvante époque de transformation rapide des technologies […]; l’orthographe […] de 1990 impose un nouvel effort d’apprentissage aux locuteurs qui l’appréhendent […] et embarrasse les intérêts des éditeurs tout comme les intérêts politiques…7 ». Toutefois, il est à noter que si cela était vrai en 2005, cela l’est moins en 2009, où les ministères de l’Éducation se sont prononcés en faveur de l’application de la nouvelle orthographe (surtout en Belgique, en Suisse et en France). Devant la pression du RENOUVO, plusieurs éditeurs se voient obligés d’inclure les rectifications dans leurs dictionnaires, grammaires et romans.

Nous croyons que les Rectifications de l’orthographe cherchent non pas à bouleverser les acquis des scripteurs mais à gommer quelques incohérences révérées sans réserve par une certaine élite soucieuse de rendre la langue le moins accessible possible. Curieusement, la lutte est celle de l’élite contre l’élite. En effet, les réformes proposées antérieurement, jusqu’aux Rectifications, ne sont pas le produit inopiné de l’homme de la rue mais bien le résultat d’une question analysée en profondeur par des grammairiens, des écrivains, des journalistes, des linguistes, des érudits.

Certes, les rectifications ont contribué à simplifier quelques règles, comme celle du participe passé laissé suivi d’un infinitif, qui dorénavant reste invariable, celle du pluriel de certains noms composés qui a été régularisé pour suivre la règle de pluralisation des noms simples, celle du trait d’union qui s’impose dans l’emploi de tous les numéraux (sauf dans les fractions).

Bien qu’il soit évident que les rectifications ont simplifié d’autres cas comme la soudure d’éléments savants (par exemple microonde), la francisation des emprunts au pluriel (par exemple leitmotivs, sandwichs au lieu du pluriel allemand leitmotive et du pluriel anglais sandwiches), il reste que, depuis 1990, les rectifications orthographiques s’affichent avec lenteur et dérangent aussi bien les enseignants que les médias et les éditeurs. Les étymologistes sont scandalisés de voir disparaitre l’empreinte des mots français avec leur histoire et leur ascendance.

Quelques observations linguistiques

Sans parti pris, nous constatons, dans la brève présentation du contenu des rectifications orthographiques, que, s’il est vrai que celles-ci se voulaient une belle entreprise de simplification et de régularisation par des spécialistes de la langue française dont l’érudition est incontestable, il n’en reste pas moins que les recommandations orthographiques ne sont pas exemptes de quelques faiblesses. En effet, l’uniformité n’est pas parfaite :

  • L’accent circonflexe est maintenu, entre autres, sur les mots où il y a distinction de sens, comme mur ≠ mûr alors que le féminin de mûr n’a pas d’accent (mure), d’où l’asymétrie un abricot mûr, une tomate mure. Il en est de même avec sur ≠ sûr, où le féminin de sûr est sure. Malgré ces quelques cas, nous croyons que la disparition de l’accent circonflexe sur le i et le u (mais pas dans les terminaisons verbales du passé simple) réduira le nombre d’erreurs d’orthographe relatives à ce signe diacritique.
  • Le trait d’union disparait dans boyscout, cassetout, passepartout, passepasse, passetemps, porteclé, portecrayon, portefaix, portefort, portemanteau, portemine, portemonnaie, porteplume, portevoix, vanupied, vatout… mais reste dans casse-cou, chef-d’œuvre, passe-montagne, porte-document, porte-cigarette… Selon les lexicographes, le trait d’union a l’avantage de mettre en lumière la composition d’un mot et d’aider à sa compréhension, mais a aussi l’inconvénient de laisser planer un doute sur chacun de ses composants dans la formation du pluriel. En ce sens, la soudure de certains mots facilite la tâche dans l’accord au pluriel. Chantal Contant explique le pourquoi de la soudure de porteclé, portecrayon, portemanteau, portemine, et de la non-soudure de porte-cigare, porte-couteau, porte-malheur, porte-menu : « il n’a pas été question de modifier d’un coup des milliers de mots de type verbe + nom, car le bouleversement aurait été trop grand. […] Si les rectifications n’ont pas touché au trait d’union de porte-avion, porte-jarretelle, porte-savon, etc., c’est parce que ceux-ci n’existaient que sous la forme avec trait d’union dans tous les dictionnaires8. » Malgré cette disparité, l’avantage est que ces termes, avec ou sans trait d’union, ont maintenant un pluriel régularisé.
  • Les formes conjuguées des verbes en -eler ou -eter s’écrivent maintenant avec un accent grave et une consonne simple (au lieu de deux) devant une syllabe contenant un e muet; cependant, persistent des exceptions comme les verbes appeler, jeter et leurs composés. Pourquoi? « Parce qu’ils sont bien implantés dans l’usage » nous dit le Conseil supérieur de la langue française.

Laisser-aller, paresse ou mauvaise foi?

Aujourd’hui, nombre de professeurs d’université ne se préoccupent guère de mettre en application les rectifications orthographiques, puisque l’orthographe traditionnelle est encore admise. Ils pensent que cela ne concerne que les professeurs des sciences de l’éducation, dont la tâche est de former les nouvelles générations qui auront à apprendre cette nouvelle orthographe; aussi croient-ils qu’il est plus que suffisant d’avoir appris la « vraie » orthographe avec tous ses pièges et difficultés.

Se confiner dans des formes orthographiques arbitrairement sélectionnées est l’apanage de ceux qui ne veulent pas suivre l’évolution de la langue. Michel Masson rappelle que « l’orthographe française est une invention relativement récente puisque sa conception coïncide avec la parution du premier dictionnaire de l’Académie française (1694) et, surtout, que cette orthographe s’est constituée ensuite par réformes successives […] de sorte que s’opposer à toute nouvelle réforme, c’est bafouer notre tradition, c’est mutiler la France9 ».

Le rayonnement de la langue

Nous ne sommes plus au stade des débats, mais bien de la mise en application. Nombre de personnes ne sont pas au courant de l’existence des rectifications orthographiques. Quant à ceux qui en ont connaissance, certains ne s’en préoccupent point, puisque l’ancienne orthographe cohabite avec la nouvelle orthographe recommandée sans aucune sanction. Nous comprenons que cette flexibilité a cours, indubitablement, pour laisser la nouvelle orthographe s’installer progressivement jusqu’au jour où l’ancienne sera supplantée. Dans tous les cas, il importe que professeurs et enseignants ne pénalisent pas indument les étudiants, puisque l’ancienne graphie aussi bien que la nouvelle sont admises.

Les rectifications orthographiques, avec leurs points forts et leurs points faibles, ne peuvent être tenues comme réductrices de la qualité de la langue française. Ce ne sont pas quelque 5000 mots – répertoriés dans le Grand vadémécum de l’orthographe moderne recommandée – touchés par les rectifications, où interviennent six ou sept notions grammaticales, qui défigureront la langue. Accusons plutôt de la défigurer les personnes mêmes qui, au lieu de maitriser la langue écrite dans toutes ses nuances et règles, prétendent la défendre. Sous prétexte de la garder pure, elles en viennent à la fossiliser.

Toute réforme orthographique est déstabilisante, et les Rectifications de l’orthographe de 1990 ne le sont pas moins. Pour plusieurs, elles semblent incohérentes et incomplètes. Les fervents des rectifications, notamment les instituteurs, auraient voulu voir plus de changements plutôt que des demi-mesures qui ne contribuent pas, selon eux, à simplifier véritablement l’apprentissage du français écrit. Il est nécessaire qu’ils sachent que les experts veulent d’abord et lentement supprimer les incohérences orthographiques sans ébranler les habitudes graphiques et visuelles des gens instruits, formés selon l’orthographe traditionnelle.

Quant aux adversaires, instruits ou non, ils s’identifient à l’orthographe traditionnelle comme à l’habit aristocratique que la nouvelle orthographe souillera. Ils découvriront, malgré eux, qu’il est sage de rechercher les régularités orthographiques dans une perspective évolutive, surtout lorsqu’elles sont bien ancrées dans l’usage.

Les pièges inutiles, délectation d’une élite qui a souffert dans l’apprentissage des incongruités orthographiques et qui veut faire souffrir en retour les générations suivantes, sont un gaspillage de temps que les Rectifications éliminent pour permettre un meilleur rayonnement de la langue écrite dans le monde francophone.

Des linguistes, des pédagogues, des correcteurs, des instituteurs ont déjà remarqué que les Rectifications ne sont pas essentiellement simplificatrices mais que de nouvelles exceptions ont remplacé d’anciennes. Il va sans dire que, même avec les simplifications orthographiques, il y aura toujours des règles à mémoriser et des exceptions aux règles à retenir, mais dans les deux cas elles seront moins nombreuses qu’auparavant.

Vouloir plaire à tout le monde est une entreprise quasi impossible : l’académicien, l’enseignant, le linguiste, le grammairien, le correcteur, le scripteur, chacun a ses attentes. Il y aura toujours des demandeurs de réforme et des ennemis de toute réforme… Et la langue évoluera malgré ou avec les acteurs en présence, comme elle l’a toujours fait depuis la naissance de l’écriture.

Remarque

Retour à la remarque 1* La Commission Beslais visait à éliminer de l’orthographe les surcharges et les absurdités.

Bibliographie, références informatiques et résumé des règles 

Disponibles sur demande. Veuillez communiquer avec l’auteur à l’adresse suivante : georges.farid@uqo.ca.

Notes