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Nommez un insecte comptant 192 pattes, qui s’assoit sur quinze pattes et s’exprime en six langues. Voilà une description originale des Nations Unies.
Les Nations Unies, avec ou sans U majuscule? L’usage de l’organisation diverge de celui des journaux et des dictionnaires, la majuscule étant à l’honneur au sein de l’ONU. C’est l’usage que nous retiendrons pour cet article. Dans la même veine, nous orthographierons Secrétaire général avec la majuscule initiale.
Détail intéressant, l’acronyme ONU a donné naissance à un adjectif, onusien, qui traduit admirablement bien l’abréviation anglaise UN, comme dans UN Diplomacy, rendu par diplomatie onusienne.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les Nations Unies ne sont pas la première organisation à réunir l’ensemble des pays de la planète – à quelques exceptions près, que sont le Vatican, les îles Cook et Nioué, sans oublier le Kosovo. La Société des Nations, appelée League of Nations en anglais, fut mise sur pied après la Première Guerre mondiale dans le but de préserver la paix. Noble objectif, certes, mais que la crise économique des années 1930 et la montée du fascisme firent voler en éclats.
Cet échec aurait pu sceller le sort de ce type d’organisation. Pourtant, Staline, Roosevelt et Churchill convinrent à la Conférence de Téhéran, en 1943, de créer une nouvelle organisation internationale. Celle-ci s’installa tout d’abord à San Francisco en 1945 avant de déménager ses pénates à New York. Aujourd’hui, les diverses institutions des Nations Unies sont disséminées un peu partout dans le monde, notamment à Genève, siège de l’ancienne Société des Nations, à Nairobi, à Paris et à Montréal, où se trouve l’Organisation de l’aviation civile internationale.
L’Assemblée générale réunit l’ensemble des membres de l’organisation. Elle est un peu le Parlement de l’ONU; son rôle est d’examiner les questions d’intérêt général, dont le budget et l’admission de nouveaux membres. Cependant, il est parfois difficile pour une assemblée de 192 membres de prendre des décisions et d’être efficace. Les grandes puissances à l’origine de la création de l’organisation ont donc prévu une arène plus restreinte pour les décisions importantes, arène où se déroulent les débats les plus musclés. Il s’agit du Conseil de sécurité, le seul organe ayant des pouvoirs coercitifs. Celui-ci compte quinze membres, dont dix sont élus par l’Assemblée générale pour un mandat de deux ans. Les cinq autres siègent en permanence : la Chine, les États-Unis, la Russie, le Royaume-Uni et la France. Ces derniers disposent du droit de veto sur les décisions du Conseil de sécurité. Le droit de veto, appelé diplomatiquement règle de l’unanimité parce qu’elle requiert l’approbation des cinq membres permanents, a toujours été un boulet pour le Conseil de sécurité. En effet, l’obligation d’obtenir le consentement unanime des cinq membres permanents du Conseil entrave considérablement sa capacité à prendre des décisions en temps de crise.
La composition du Conseil de sécurité reflète la situation politique internationale qui existait juste après la guerre, lorsque le Japon et l’Allemagne étaient en quelque sorte au ban de l’humanité. Depuis cette époque, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, et ces deux pays sont devenus des géants de l’économie mondiale. On s’attendrait par conséquent à les voir siéger de façon permanente au grand cénacle onusien, tout comme l’Inde et le Brésil, par exemple. Mais les tentatives de réforme du Conseil de sécurité visant à admettre un plus grand nombre de membres permanents ont échoué.
À l’origine, le français, l’anglais, le russe, le chinois et l’espagnol étaient les langues officielles des Nations Unies; l’arabe a été adopté comme sixième langue officielle en 1973. On voit immédiatement que ce n’est pas le nombre de locuteurs qui compte, mais le rayonnement de la langue. Selon Wikipédia, les six langues officielles de l’ONU sont la langue maternelle ou la langue seconde de 2,8 milliards d’humains en plus d’être la langue officielle d’une centaine d’États.
Les langues de travail sont toutefois l’anglais et le français, avec prédominance du premier, comme on le devine. Il est peu probable que d’autres idiomes viennent s’ajouter, car la multiplication des langues officielles et des langues de travail peut compliquer grandement les communications, comme l’illustre l’exemple de l’Union européenne, où les langues des pays membres sont toutes officielles, ce qui donne lieu à des possibilités infinies de traduction. Pour le plus grand bonheur des traducteurs et interprètes, certes, mais pas celui des fonctionnaires.
La langue est un critère d’importance dans le choix du Secrétaire général, qui dirige les Nations Unies. Non seulement celui-ci doit posséder une certaine expérience diplomatique, mais aussi on s’attend à ce qu’il maîtrise plusieurs langues internationales. Imagine-t-on un Secrétaire général ne parlant que le bengali?
Le secrétaire actuel, Ban Ki-moon, de la Corée du Sud, parle l’anglais et le français, en plus de sa langue maternelle, tout comme certains de ses prédécesseurs, Kofi Annan (Ghana), Boutros Boutros-Ghali (Égypte) et Javier Perez de Cuellar (Pérou). Les deux derniers parlaient respectivement l’arabe et l’espagnol, deux langues officielles des Nations Unies.
Les secrétaires généraux viennent toujours de petits pays et jamais des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité ou de grandes puissances. On y verra une certaine sagesse.
On a souvent l’impression que les Nations Unies ont été expressément créées afin de maintenir la paix. Certes, cet objectif est énoncé dans la Charte des Nations Unies, mais celle-ci mentionne également la sauvegarde du patrimoine mondial (Québec, cela vous dit quelque chose?), l’éradication des maladies, l’aide aux réfugiés, etc.
Le conflit du canal de Suez, en 1956, a permis au ministre des Affaires étrangères du Canada, Lester B. Pearson, de connaître son heure de gloire et de remporter le prix Nobel de la paix. C’est en effet lui qui a eu la brillante idée de proposer l’envoi de Casques bleus, une force internationale, pour qu’ils s’interposent entre les belligérants. Depuis lors, les Casques bleus font recette, au point qu’on les appelle soldats de la paix, peacekeepers en anglais.
La notion de maintien de la paix comporte certains pièges de traduction. Désignée en anglais sous le nom de peacekeeping, il ne faut pas la confondre avec peacebuilding, rendue par consolidation de la paix. Ce terme désigne l’action menée en vue de définir et d’étayer les structures propres à raffermir la paix afin d’éviter une reprise des hostilités. Ne pas confondre non plus avec rétablissement de la paix, peacemaking en anglais.
Les Nations Unies mettent à la disposition du public une base de données terminologiques, UNTERM, que les langagiers consulteront avec intérêt à l’adresse suivante : Système de référence terminologique.
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