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« Le juge est tenu de statuer sur chacun des chefs de demande. » Se pourvoir en appel, en cassation contre un ou plusieurs chefs d’une décision judiciaire. Tenir un procès sur le chef de (suivi du nom de l’infraction ou de l’acte criminel). En cas de succombance, perdre un procès, être débouté sur tous les chefs de la demande. « Il a été condamné sous l’un des divers chefs d’abandon de famille. » Être débouté du chef de (suivi du nom de l’infraction). « Elle a été déboutée du chef de violation d’exclusivité. »
Être condamné du chef d’une infraction. « Peut être déchu de la nationalité (…) l’individu qui a été condamné du chef d’une infraction passible d’une peine comminée égale ou supérieure à dix ans. » « On condamne facilement du chef d’infraction intentionnelle le prévenu qui alléguera les précautions qu’il a déployées, puisqu’on en déduira qu’il avait conscience de la situation infractionnelle. » « La Cour a refusé de condamner du chef de fraude 2 et 3 les vendeurs de terminaux non agréés. »
Pour ce genre d’exemples, la locution du chef de peut être remplacée dans l’esprit, pour assurer plus de certitude à la compréhension de l’énoncé, par les mots comme exerçant les droits de (du Canada ou d’une province, de la province, du Nouveau-Brunswick).
Il convient de s’empresser d’ajouter que la locution du chef de est critiquée dans cet emploi par certains jurilinguistes : on lui préfère aux droits de. Toutefois, elle est si parfaitement ancrée dans l’usage au Canada qu’on s’en inquiète guère et qu’on la retient malgré tout.
Avoir qqch. du chef de qqn. Avoir tant de biens, tant d’argent, tant de dettes du chef d’un parent, d’un conjoint. J’ai tant de biens de mon chef. L’idée de provenance domine ici.
Dans le droit des successions, la moisson abonde de constats de la locution du chef de entrant dans la construction de nombreuses expressions. Venir à la succession, être appelé à la succession du chef de (son père). « Lorsqu’un successeur ne vient pas à la succession de son propre chef, mais est appelé par représentation, le partage s’opère, non par têtes mais par souches : plusieurs enfants succédant du chef de leur père ne recueilleront à eux tous que la part de celui-ci. » On vient à la succession, on y est appelé en son nom personnel ou à titre personnel (de son chef) doté de la qualité et des droits attachés à son degré avec le de cujus (le défunt) en vertu de sa vocation propre et non par représentation. Succéder soit de son chef, sans le secours de la représentation, soit par représentation. « Lorsque plusieurs descendants viennent à la succession, ils succèdent par égales portions et par tête, s’ils sont appelés de leur chef; ils succèdent par souche lorsqu’ils viennent tous ou en partie par représentation. » « Les créanciers personnels de celui qui s’abstient d’accepter une succession ou qui renonce à une succession au préjudice de leurs droits peuvent être autorisés en justice à accepter la succession du chef de leur débiteur, en ses lieu et place. »
En droit matrimonial et dans sa branche consacrée au droit de la famille, la locution du chef de trouve un terrain fécond d’expression.
La dette qui est entrée en communauté du chef du conjoint naît en sa personne (de son chef) et l’oblige personnellement. « Sous le régime de la société d’acquêts, chacun des époux est tenu, tant sur ses biens propres que sur ses acquêts, des dettes nées de son chef avant ou pendant le mariage. » « Les créanciers d’un époux ne peuvent demander de son chef la séparation de biens. »
Refuser de son chef (par exemple tout prélèvement ou don d’organe à son décès ou, avant sa mort, tout prélèvement posthume). Décider de son propre chef.
Agir soi-même et de son chef. « Il appartient au syndicat, agissant lui-même et de son chef, d’accomplir tous actes d’acquisition ou d’aliénation des parties communes. »
Droits nés (sur qqch.) du chef de (qqn). « Tous les droits nés sur les fonds ou sur les constructions pendant le bail du chef du preneur (privilèges, hypothèques, baux, servitudes) s’éteignent à l’expiration du bail. »
De son (propre) chef, c’est-à-dire selon son bon jugement, de sa propre initiative. Assumer la responsabilité de ce qu’on fait, c’est le faire de son propre chef (= étymologiquement, de sa tête, autrement dit de son propre mouvement, de par son autorité privée). J’ai fait telle chose de mon chef (= sans en avoir reçu l’ordre de quiconque). « Certains démembrements du droit de propriété peuvent faire l’objet de différentes conventions du chef du titulaire du démembrement. »
De même, des dommages-intérêts ne sont pas dus [du chef d’] actes, mais en raison, du fait, par suite de ceux-ci.
Toutefois, il est exact que le pouvoir de rapporter une décision ne fait pas naître une obligation dans le chef d’un juge.
© Centre de traduction et de terminologie juridiques (CTTJ), Faculté de droit, Université de Moncton