Juridictionnaire
appui / soutien / support
Comme le signale Dagenais, appui et soutien se disent à la fois d’objets matériels ainsi que de personnes et d’objets non matériels : soutien, appui moral, financier, politique, soutien de famille, alors que support, à la différence de son homonyme anglais, ne s’emploie que pour des choses matérielles. Le terme anglais "support" se rendra le plus souvent par appui ou soutien.
- Le mot appui figure dans diverses expressions juridiques que le Comité de normalisation de la terminologie française de la common law a retenues, notamment dans le droit des biens en régime de common law : domaine d’appui, droit d’appui, servitude d’appui, droit, servitude d’appui latéral, droit, servitude d’appui sous-jacent, droit, servitude d’appui vertical.
Il s’emploie aussi seul : « Le riverain sur le fonds duquel l’appui est réclamé. »
- On rencontre fréquemment aussi la locution adverbiale à l’appui et la locution prépositive à l’appui de : Fournir des preuves, des documents à l’appui, donner des arguments à l’appui, produire un affidavit à l’appui. « À tout acte de procédure est annexé un dossier contenant les pièces et documents invoqués à l’appui. » Citer un fait à l’appui de son opinion, produire des preuves à l’appui d’une affirmation, invoquer une autorité à l’appui de sa position. « Le juge doit indiquer les éléments de preuve retenus à l’appui de sa décision. » « Le témoin doit fournir un motif à l’appui de son objection à la prestation du serment. »
- Le terme soutien se substitue souvent à appui au sens figuré dans la locution au soutien de : « Les moyens sont les raisons de fait et de droit que les parties invoquent au soutien de leurs prétentions. » « On réserve le terme motifs pour désigner les raisons de fait et de droit que le juge donne au soutien de sa décision. » « Apprécier les arguments développés au soutien de la demande en justice. » Cette substitution est également valable dans le cas du substantif : « Les motifs du jugement ne constituaient pas le soutien nécessaire du dispositif de la décision. »
- Le Bescherelle mentionne la locution adverbiale au soutien employée absolument : « Fournir les pièces au soutien », mais elle est de nos jours beaucoup moins courante que la locution à l’appui.
- Soutien peut se construire avec un complément de nom désignant la chose ou la personne qui soutient ou qui est soutenue : bénéficier du soutien de l’Ordre des avocats, politique de soutien des prix agricoles. Ce mot peut aussi être suivi d’un complément de nom précédé de la préposition à, construction qui a l’avantage de dissiper l’ambiguïté que pourrait créer la construction avec la préposition de : le soutien au gouvernement (= le soutien est accordé au gouvernement); le soutien de l’opinion publique à la peine de mort (= l’opinion publique soutient la peine de mort). Il convient aussi, d’éviter de dire sous l’influence de l’anglais [soutien pour qqch., pour qqn]. Seule la construction avec la préposition à est correcte.
- Source de nombreux anglicismes dans les textes juridiques, le mot support,n’est l’équivalent de son homologue anglais que si ce dernier vise un objet, un moyen matériel : support publicitaire; support visuel. Le sens figuré est aujourd’hui considéré comme vieilli : « Cette pratique trouve un support textuel dans l’article 1183. » « L’arrêt attaqué, manquant désormais de tout support légal, doit être annulé. ». Dans ces phrases, on substituera à support le mot fondement. Dans d’autres contextes, appui et soutien conviendront, comme il a été indiqué ci-dessus.
© Centre de traduction et de terminologie juridiques (CTTJ), Faculté de droit, Université de Moncton