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Écrire dans une langue claire et simple, cela veut dire énoncer le message de façon que les destinataires puissent le comprendre immédiatement, dès la première lecture. Il ne s’agit pas d’adopter un style puéril ou un vocabulaire pauvre, mais d’adapter le texte aux destinataires. C’est dire que le rédacteur, tout en recherchant la clarté et la simplicité, doit opter pour un style, un ton, un niveau de langue et un vocabulaire qui varieront chaque fois selon la nature du texte et selon le public-cible.
Dans un premier temps, le rédacteur se pose les questions suivantes :
S’agit-il de spécialistes, d’adolescents, du grand public ou de personnes pour qui le français n’est pas la langue maternelle?
Les lecteurs ont-ils besoin de renseignements détaillés ou d’un simple résumé? Doivent-ils connaître l’historique d’une décision ou seulement les conséquences que cette décision aura sur eux? Sur quels aspects de la question doit-on mettre l’accent?
S’agit-il d’informer les lecteurs, de les amener à prendre une décision ou de les inciter à participer à un programme?
Avant de commencer à rédiger, le rédacteur ordonne ses idées et choisit la façon dont il veut les présenter. Il s’agit pour lui :
L’ordre de présentation des idées ou des arguments, dans l’ensemble du texte comme dans chacun des paragraphes, peut varier suivant les circonstances : il appartient au rédacteur de décider s’il veut exposer ses arguments les plus importants au tout début (c’est la méthode habituelle), ou les réserver pour la fin — l’essentiel étant de les ordonner avec soin, selon un plan.
Les destinataires d’un même texte n’ont pas nécessairement tous le même bagage linguistique. C’est pourquoi, lorsqu’on rédige une note de service à l’intention de l’ensemble du personnel d’un organisme, par exemple, il est préférable d’employer des mots qui appartiennent à la langue courante. Au lieu d’écrire :
on pourrait choisir des termes plus simples, c’est-à-dire remplacer se réapproprier, dévolues et préalablement à :
Choisir des termes simples, c’est aussi éviter les mots inutiles et, du même coup, viser la concision. Au lieu de dire :
on pourrait s’exprimer ainsi :
On évite les mots ou les groupes de mots longs et complexes; par exemple, on peut dire :
Il faut souvent privilégier l’emploi de mots concrets et vivants plutôt que de tours abstraits qui risquent d’alourdir le texte ou d’obscurcir le message. Au lieu de :
on pourrait écrire :
Dans les textes qui ne s’adressent pas uniquement à des spécialistes, il convient d’éviter autant que possible l’emploi de termes techniques sur lesquels un public profane pourrait buter. Cependant, s’il faut absolument en utiliser, on doit veiller à les définir, à les expliquer ou encore à les faire suivre des mots plus connus entre parenthèses :
Le même raisonnement vaut dans le cas des sigles ou des abréviations appartenant au jargon technique ou administratif employé dans la fonction publique, par exemple. En effet, tout le monde ne sait pas que CFP signifie Commission de la fonction publique ou qu’OSS désigne un organisme de service spécial. De plus, les sigles anglais sont souvent plus familiers aux francophones que les sigles correspondants en français. Pour ces raisons, il faut indiquer le sens des sigles et abréviations dès qu’ils se présentent dans un texte.
Tout comme il ne faut pas abuser des sigles, il est souhaitable d’éviter le plus possible les expressions latines. Elles sont très populaires chez les juristes, mais obscures pour la plupart des profanes :
La périphrase est un groupe de plusieurs mots servant à exprimer une notion qui peut facilement être désignée par un seul mot. Elle se présente souvent sous la forme verbe-complément. Comme elle est lourde et peu naturelle, il y a presque toujours avantage à la remplacer par le mot qui convient et à écrire, par exemple, modifier au lieu d’apporter des modifications, ou encore concevoir au lieu d’assurer la conception.
En français, la voix active est généralement plus naturelle que la voix passive. Les phrases à la forme active sont souvent plus faciles à comprendre parce qu’on voit tout de suite qui fait l’action. Au lieu d’écrire :
on peut très bien rétablir l’actif, pour souligner le rôle de l’agent :
Il ne s’agit pas ici de frapper d’interdit la construction passive, qui est parfaitement admise en français et qui permet de donner un éclairage différent. On peut très bien dire :
L’utilisation de verbes plutôt que de noms rend parfois l’énoncé plus vivant et plus clair. Par exemple, la phrase :
peut être reformulée ainsi :
De même :
pourrait se dire :
Plus une phrase est longue, plus elle exige d’efforts de compréhension de la part du lecteur. Il faut donc viser à former des phrases d’une longueur raisonnable, ni trop longues ni trop courtes, et veiller à ce que les propositions s’enchaînent d’une manière fluide et logique.
Pour raccourcir une phrase longue, il suffit souvent d’éliminer les répétitions et les énoncés inutiles, ou de scinder la phrase en deux :
Cette phrase pourrait être formulée ainsi :
Il faut veiller à ce que la formulation des idées conduise à une seule interprétation, sans hésitation possible ni effets cocasses :
Il aurait évidemment été préférable d’écrire :
Il convient tout particulièrement de faire en sorte que les adjectifs possessifs ou démonstratifs et les pronoms soient bien appuyés, c’est-à-dire que leur antécédent, ou ce qu’ils remplacent, soit clair pour le lecteur :
Pour éliminer toute ambiguïté, il aurait fallu écrire :
Les rédacteurs utilisent parfois des synonymes pour éviter de répéter un mot. Dans certains cas, cela peut dérouter le lecteur : il se demandera si le synonyme désigne quelque chose de différent. Il faut donc répéter certains mots clés, particulièrement dans les documents à caractère didactique (manuels, guides, directives, instructions, etc.) ou dans les textes juridiques (lois et règlements, par exemple).
Les fonctionnaires connaissent toutes sortes de jargons, de l’économique au juridique, en passant par l’administratif. Les rédacteurs doivent se rappeler que le grand public, lui, risque de n’y rien comprendre. Le lecteur moyen ne saisira pas non plus les termes et les expressions trop recherchés.
Bien entendu, certains des documents rédigés au sein de l’administration publique sont destinés à des spécialistes, qu’ils soient cadres, économistes, scientifiques, juristes ou autres, et il faut dans ces cas utiliser le vocabulaire de ces personnes. Mais il reste que les idées gagnent à être exprimées d’une façon concise et directe, même dans les documents les plus spécialisés.
Il faut éviter des formulations obscures comme :
De plus, le rédacteur ne doit pas abuser de clichés comme dans le cadre de, au niveau de, en fonction de, en matière de, qui peuvent nuire à la compréhension et produire des effets cocasses :
Le lecteur saisira plus facilement le sens d’une phrase si le verbe est placé près de son sujet et de son complément d’objet.
Dans la phrase suivante, le verbe est éloigné du sujet :
Dans celle-ci, le verbe est éloigné du complément d’objet :
Il serait beaucoup plus clair de dire :
En règle générale, il vaut mieux éviter les longues énumérations disposées à l’horizontale à l’intérieur d’une même phrase :
Il est plutôt recommandé de présenter ces énumérations à la verticale, de manière à en bien détacher les éléments :
Voir aussi 3.1.3 Énumération verticale.
La forme négative, employée judicieusement, permet entre autres d’exprimer en les atténuant des opinions qui, énoncées à l’affirmative, pourraient sembler trop catégoriques ou manquer de délicatesse. Comparer :
Il faut bien entendu se garder d’en abuser, et s’exprimer de façon plus directe, à l’affirmative, quand les circonstances ne commandent pas le contraire. Par ailleurs, certaines tournures négatives peuvent donner à la phrase une allure prétentieuse ou condescendante. Il vaut donc mieux :
On évite les négations qui risquent de nuire à la clarté de l’énoncé. Par exemple, il pourrait être difficile pour un étranger qui aspire à immigrer au Canada et dont le français n’est pas la langue première de répondre, sur un formulaire, à la question suivante :
Pour faciliter la lecture, il ne suffit pas d’écrire clairement et simplement. Il faut aussi soigner la présentation matérielle du texte :
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