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La virgule, signe de ponctuation marquant une pause légère, figure peu dans les phrases qui respectent l’ordre normal des mots : sujet, verbe, complément direct, complément indirect, complément circonstanciel. C’est ainsi qu’elle ne sépare pas en principe le verbe de son sujet ni le verbe de son complément. Son rôle est plutôt d’indiquer une rupture dans l’enchaînement habituel des mots de la phrase.
L’analyse comparée des deux phrases suivantes montre que la virgule, par sa présence ou son absence, peut changer complètement le sens d’un énoncé :
La première phrase exprime l’idée qu’une partie seulement des employés ont obtenu une mutation et que ces employés sont satisfaits. Ici, la relative restreint le sens de son antécédent; elle est dite déterminative.
La deuxième phrase implique que tous les employés ont obtenu une mutation et qu’ils sont tous satisfaits. La relative dans ce cas est dite explicative. Le complément d’information apporté par ce type de proposition n’a pas toujours la valeur d’une explication; il consiste souvent en une précision, en un simple commentaire, en un renseignement tout à fait accessoire.
Les pronoms où, dont, que, qui ne sont jamais précédés de la virgule lorsqu’ils introduisent une relative déterminative. Ils le sont, en revanche, lorsqu’ils introduisent une relative explicative :
Les conjonctions avant que, comme, parce que, quand, si, etc., s’enchaînent directement à la principale quand elles introduisent une subordonnée qui fait corps avec la principale (déterminative). Elles sont par contre précédées de la virgule lorsqu’elles introduisent une subordonnée apportant une explication, une précision ou un complément d’information (explicative) :
Le rédacteur doit toujours avoir à l’esprit que la virgule peut changer le sens d’un énoncé. Ainsi, les phrases :
expriment deux idées différentes. La première signifie que j’exécuterai ma tâche exactement de la façon convenue. La deuxième implique simplement que je respecterai ma parole : je ferai ce que j’ai promis de faire.
L’adjectif épithète peut avoir une valeur déterminative ou explicative, selon qu’il est ou non accompagné de virgules :
La première phrase signifie que seuls les employés mécontents se sont prononcés en faveur de la grève. La deuxième signifie que tous les employés sont mécontents et qu’ils se sont tous prononcés en faveur de la grève.
Certains grammairiens admettent qu’une virgule intervienne entre le verbe et le groupe sujet lorsque ce dernier est d’une certaine étendue :
Les grammaires les plus modernes font toutefois état, dans l’usage actuel, d’une préférence pour une ponctuation plus logique, qui ne sépare pas le sujet et le verbe. À noter que l’on pourrait régler le problème de la longueur dans la phrase ci-dessus en ponctuant ainsi :
Pour signaler que le pronom relatif ne s’applique pas au mot qui le précède directement, des auteurs recommandent souvent de placer une virgule devant le pronom :
ou d’utiliser un pronom comme auquel ou lequel, plus lourd, mais qui, variant en genre et en nombre, éclaire le sens de la phrase :
Ces solutions ne sont cependant pas toujours satisfaisantes. La meilleure solution consiste souvent à reformuler la phrase.
Comme l’apposition apporte une précision ou une explication, elle est souvent détachée du mot auquel elle est accolée :
Les mots apposés sont encadrés de virgules s’ils sont insérés dans la phrase. Ce genre d’apposition présente la caractéristique d’être mobile dans la phrase. On peut en effet écrire indifféremment :
L’apposition peut parfois avoir une valeur déterminative (voir 6.1.1 Déterminatif et explicatif). Dans ce cas, elle ne doit pas être détachée du mot auquel elle est accolée. Comparons les phrases :
La première phrase implique que je n’ai qu’un frère et qu’il s’appelle Paul; la deuxième, que j’ai plusieurs frères, mais que c’est celui qui s’appelle Paul qui a obtenu une promotion.
Ces mots sont toujours précédés de la virgule, car ils apportent une précision, une information complémentaire :
On remarquera par ailleurs que ces termes et locutions ne sont pas séparés par une virgule des mots qui les suivent directement.
L’incidente est un énoncé qui, s’insérant dans la phrase à la manière d’une parenthèse, apporte une information accessoire :
Quant à l’incise, elle signale que l’on rapporte les paroles de quelqu’un. Le sujet est alors placé après le verbe :
L’incise et l’incidente peuvent toutes les deux être retranchées de l’énoncé sans nuire au sens de ce dernier. Il faut donc les séparer du reste de la phrase par des virgules.
Lorsqu’un groupe de mots normalement encadré de virgules fait l’objet d’une élision, on peut soit garder uniquement la deuxième virgule, soit supprimer les deux virgules. Trois possibilités sont donc acceptables :
L’ellipse consiste à supprimer les mots superflus; c’est un procédé qui permet d’alléger la phrase et de lui donner plus de vigueur. Dans les cas d’ellipse, le rôle de la virgule est de signaler au lecteur — tout comme la pause le ferait à l’oral — que des mots sont sous-entendus :
Quand les éléments sont courts, on peut se dispenser d’indiquer par une virgule les mots qui ne sont pas répétés :
Les mots mis en apostrophe, c’est-à-dire les mots qui désignent la personne ou la chose personnifiée à qui on s’adresse, sont toujours suivis de la virgule quand ils sont placés au début de la phrase, encadrés de virgules quand ils sont intercalés, et précédés de la virgule lorsqu’ils terminent l’énoncé :
Quand, en vue d’obtenir un effet d’insistance, on répète un pronom ou qu’on le reprend sous une autre forme, il faut employer la virgule :
L’emploi de la virgule est fonction de la place qu’occupe le complément circonstanciel dans la phrase.
Si un complément d’une certaine longueur est placé en début de phrase, il est en principe suivi d’une virgule :
Il y a toutefois des cas où, la phrase se lisant d’une seule traite, la pause n’est pas plus nécessaire à l’écrit qu’à l’oral. Tout est affaire de rythme :
Si le complément antéposé est très court, comme c’est le cas de certains adverbes employés avec la valeur de compléments circonstanciels, la virgule n’est pas nécessaire, en principe :
Dans la réalité, cependant, il n’est pas rare de voir la virgule indiquée après ces mots : en ralentissant le rythme de la phrase, elle fait ressortir le complément et le renforce. La ponctuation est donc ici affaire de contexte et d’appréciation personnelle :
S’il y a inversion du sujet, le complément circonstanciel en début de phrase n’est pas suivi d’une virgule, à plus forte raison s’il est court :
Si le complément circonstanciel est intercalé entre le sujet et le verbe, il est en principe encadré de virgules :
S’il est placé avant le complément d’objet ou l’attribut, les virgules ne sont pas obligatoires. Elles s’imposent seulement si l’on désire faire ressortir le complément circonstanciel :
Si le complément circonstanciel est à la fin de la phrase, comme c’est le cas le plus souvent, il peut parfois être précédé d’une virgule. La virgule permet alors de créer un effet de surprise, de faire rebondir la phrase :
Quand il est placé en tête de phrase, un groupe de mots jouant le rôle d’un adverbe est en principe suivi d’une virgule :
Quand l’adverbe figurant en début de phrase est un mot isolé, court ou long, il n’y a pas de règle absolue. En principe, on indique la virgule si la phrase est d’une certaine longueur ou si l’on désire créer un effet d’insistance. On l’omet si la phrase est courte, si elle est déjà abondamment ponctuée, ou si l’on veut accélérer le mouvement :
On notera que la virgule suit généralement les mots et locutions, comme bref, cependant, certes, donc, en effet, en outre, néanmoins, par ailleurs, toutefois, qui établissent un lien avec ce qui précède et qui contribuent ainsi à la clarté du message. En isolant ces mots charnières, la virgule se trouve à les renforcer et à souligner encore plus rigoureusement l’articulation des idées :
Quand ces mots figurent dans le corps de la phrase, on les encadre de virgules si on veut les mettre en vedette ou si la phrase est longue; on supprime les virgules quand la phrase est courte ou déjà abondamment ponctuée :
Certes est régulièrement précédé de la virgule lorsqu’il figure à la fin de la phrase :
Il est suivi d’une virgule en début de phrase lorsqu’il joue le rôle d’une charnière (voir 6.1.15 Adverbes et charnières). Dans le corps de la phrase, il est encadré ou non de virgules, selon la longueur de la phrase :
Lorsque donc est employé en tête de proposition, mais à l’intérieur de la phrase, il est précédé d’une virgule ou d’un point-virgule :
À noter que c’est pour éviter une accumulation de signes de ponctuation que l’on ne place pas une deuxième virgule après donc dans le premier exemple. Mais, comme mot charnière, il est en général suivi d’une virgule (voir 6.1.15 Adverbes et charnières) :
Donc n’est accompagné d’aucune virgule lorsqu’il sert, à l’intérieur ou à la fin de la phrase, à exprimer l’ironie, la surprise, ou à renforcer une interrogation ou une assertion :
On peut placer une virgule après or si l’on désire appuyer sur la conjonction ou si cette dernière est à la tête d’une phrase assez longue. La virgule se trouve alors à reproduire la pause qui serait, dans pareil cas, observée à l’oral :
Placé au début d’une phrase courte, or peut s’employer sans virgule :
Si, dans l’usage, la virgule tend à suivre certains adverbes placés en début de phrase, comme les mots bref et certes, elle est remarquablement absente après certains autres. Ainsi, jamais, en tête de phrase, n’est suivi de la virgule que lorsqu’il précède une proposition intercalée :
Il en va de même pour l’expression c’est pourquoi placée en tête de phrase :
Les adverbes de liaison ainsi, à peine, aussi, du moins, encore, en vain, peut-être, à plus forte raison, sans doute, etc., ne sont pas suivis de la virgule lorsque le sujet est inversé :
Dans les cas où ces adverbes ne sont pas suivis d’une inversion, la virgule fait ressortir l’enchaînement des idées et contribue à la clarté de l’expression, tandis que son absence a pour effet d’accélérer le débit, le mouvement de la phrase. La virgule a donc plus souvent tendance à intervenir dans les phrases longues que dans les phrases courtes (voir aussi 6.1.14 Complément circonstanciel et 6.1.15 Adverbes et charnières) :
Qu’il y ait ou non inversion du sujet, ainsi n’est pas suivi de la virgule lorsqu’il est employé avec le sens de « de cette façon » :
Il convient de noter que l’adverbe peut être précédé d’une virgule lorsqu’il est rejeté en fin de phrase. On obtient alors un effet de mise en relief semblable à celui que produiraient les points de suspension :
Le sens de la phrase peut changer du tout au tout selon qu’il y a ou non une virgule devant certains adverbes. Si on écrit :
c’est-à-dire d’une mort naturelle, on dit tout autre chose que si on écrit :
qui veut dire que personne n’est surpris d’apprendre la mort de Jérôme.
Dans la langue littéraire, mais surtout dans le style juridique et administratif, il arrive souvent que l’on place le sujet après le verbe, soit pour créer un effet d’insistance, soit parce que le sujet est d’une certaine étendue. Deux constantes se dégagent sur la ponctuation à employer dans ce cas :
Le sujet qui est relativement court, ou qui ne serait pas de toute façon accompagné d’une pause à l’oral, n’est pas précédé d’une virgule :
Le sujet qui consiste en une énumération ou en une longue définition, et devant lequel on ferait à l’oral une pause marquée, peut facultativement être précédé de la virgule. Pour plus de clarté, on peut, dans ce cas, juger préférable de passer à la ligne ou de remplacer la virgule par les deux points :
On n’emploie pas la virgule quand l’attribut et le verbe sont placés en début de phrase :
L’antéposition du complément de nom et du complément d’objet, direct ou indirect, n’entraîne pas l’emploi de la virgule :
On fait suivre de la virgule les subordonnées placées en début de phrase, notamment celles qui indiquent un rapport de temps, de condition, de but, de concession, de cause, de comparaison, ainsi que celles qui évoquent une addition ou une restriction :
De même, on met toujours une virgule après la subordonnée participiale placée en début de phrase :
Lorsque les deux derniers d’une série de sujets sont réunis par et, on ne met pas de virgule entre le dernier sujet et le verbe :
Cependant, l’usage est fluctuant en ce qui concerne l’emploi de la virgule après le dernier de plusieurs sujets juxtaposés, comme dans :
Ceux qui préconisent l’emploi de la virgule font valoir que la ponctuation après le dernier élément met tous les sujets sur un pied d’égalité, et rend moins choquant le voisinage éventuel d’un verbe au pluriel et d’un sujet au singulier. Cet usage est toutefois contesté par de réputés grammairiens. Il convient donc de considérer la virgule comme facultative dans ce genre de phrase.
Tout autre est le cas où les sujets constituant la série sont résumés par un mot ou forment une gradation. Dans ce type de phrase, le dernier sujet n’est jamais séparé du verbe par une virgule :
Normalement, la conjonction et n’est pas précédée de la virgule lorsqu’elle relie deux termes de valeur équivalente, par exemple deux sujets, deux compléments, deux verbes, etc. :
Et s’emploie également sans virgule lorsqu’il réunit les deux derniers termes d’une énumération :
Dans de nombreux cas, toutefois, il est non seulement permis, mais indiqué de faire précéder la conjonction et de la virgule :
On veut détacher un élément pour marquer une insistance, créer un effet de surprise ou de chute, souligner une opposition ou une conséquence :
Les éléments coordonnés sont longs ou nombreux
La conjonction unit des membres de phrase qui diffèrent par le sujet et il y a un risque d’équivoque :
Dans ce dernier exemple, le danger d’équivoque vient de ce que le premier verbe est suivi d’un complément. L’absence de pause devant et pourrait donner à penser qu’Olivier affectionne et le théâtre et Rita. La virgule empêche que le lecteur ne mette sur le même plan des mots qui ont dans la phrase une fonction grammaticale différente. Aussi la virgule n’est-elle pas nécessaire lorsqu’il n’y a pas d’équivoque possible :
Le dernier élément est suivi d’un développement qui ne s’applique qu’à lui :
La suppression de la virgule devant et pourrait donner à penser que sont toujours malades non seulement les vieux parents, mais aussi les amis et les voisins.
Les éléments coordonnés sont nombreux et distincts
Et est précédé d’une incise
On répète la conjonction devant chaque élément d’une énumération pour donner plus de force à l’expression :
Lorsque l’énumération comprend uniquement deux termes précédés chacun de la conjonction et, la virgule n’est pas nécessaire :
Lorsque et précède le premier élément d’une énumération comportant plus de deux termes, il est indiqué d’omettre la virgule devant le premier et :
Cependant, on met la virgule devant le premier et lorsqu’il précède le deuxième élément de l’énumération :
Si l’énumération constitue une apposition, c’est-à-dire si elle a une valeur explicative (voir 6.1.1 Déterminatif et explicatif), on doit mettre une virgule devant le premier élément, et cela même si la série ne comporte que deux termes :
La conjonction ou suit généralement les mêmes règles que et :
Si ou relie deux éléments de même valeur ou deux propositions très courtes, on ne met pas de virgule :
Cependant, on place une virgule devant ou quand il unit deux propositions d’une certaine longueur, quand on veut mettre le deuxième élément en relief, ou quand il y a lieu de souligner une opposition, auquel cas ou est souvent renforcé par bien :
Lorsque deux propositions ont un sujet différent, on met la virgule devant ou dans les cas où il pourrait y avoir une équivoque :
Cependant, si aucun risque de confusion n’est à craindre, la virgule est superflue :
Si, dans une suite de deux termes, ou est répété devant chacun des éléments, on ne met pas de virgule en principe :
Cependant, si on veut souligner l’exclusion d’un des deux termes, ou étant alors souvent renforcé par bien, on emploie la virgule devant la deuxième conjonction :
Si ou précède le premier élément d’une énumération, il est préférable, tout comme dans le cas de et, d’omettre la virgule devant le premier ou :
Cependant, on met une virgule devant le premier ou lorsqu’il précède le deuxième élément de l’énumération :
Si l’énumération constitue une apposition, c’est-à-dire si elle a une valeur explicative (voir 6.1.1 Déterminatif et explicatif), on doit placer une virgule devant le premier élément, et cela même si la série ne comporte que deux termes :
Quand il n’y a qu’un seul ni, on emploie la virgule seulement si les propositions sont d’une certaine étendue ou que l’on désire mettre le dernier terme en vedette :
S’il y a deux ni, on applique la même règle :
Quand il y a plus de deux ni, on doit séparer les éléments par une virgule. Il convient alors d’omettre la virgule devant le premier ni :
Cependant, si le premier ni introduit une apposition, c’est-à-dire une explication ou une précision quelconque, il doit être précédé de la virgule :
La conjonction mais est généralement précédée d’une virgule :
Cependant, si mais unit des groupes de mots très courts ou deux mots remplissant la même fonction, on peut supprimer la virgule :
Placé en tête de phrase, mais peut être suivi d’une virgule si l’on désire marquer une hésitation :
On ne met toutefois pas de virgule après la conjonction mais, placée en début de phrase, lorsque l’on considère qu’elle forme un tout avec les mots qui la suivent :
Employé dans le corps de la phrase pour souligner ou renforcer une idée déjà exprimée, mais est toujours précédé de la virgule :
Devant mais, on emploie la virgule :
On l’omet devant les mots non seulement, sauf lorsqu’ils introduisent une apposition, c’est-à-dire un membre de phrase apportant une précision ou une explication :
Comme la conjonction car introduit une explication, une justification, elle est généralement précédée d’une virgule :
Placé devant une proposition intercalée, car est généralement suivi d’une virgule :
Comme et (voir 6.3.4 Et après un point), la conjonction car peut s’employer en début de phrase pour établir un lien avec ce qui précède :
Quand elles sont employées dans le corps de la phrase, les expressions d’une part et d’autre part sont encadrées ou non de virgules selon qu’elles introduisent des éléments longs ou courts, ou selon que l’on désire ou non les mettre en relief :
Lorsque les mots soit et tantôt sont répétés, on ne met pas la virgule devant la première occurrence du mot :
Cependant, on met souvent une virgule devant le premier soit et le premier tantôt quand ces mots introduisent une incidente à valeur explicative (voir 6.1.9 Incidente et incise) :
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