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Le lecteur qui n’a pas compris le sens d’un document n’aura pas reçu le message que souhaitait lui transmettre son auteur. C’est une évidence, direz-vous. Pour éviter ce problème, il aurait suffi de mieux rédiger. En effet, rien de plus facile pour nous, langagiers, que de jongler avec les mots : en plus d’y prendre plaisir, nous le faisons avec brio! Certes, nous n’avons pas à rougir d’une phrase élégante et grammaticalement correcte, mais la réalité est que nous avons souvent tendance à surestimer les compétences linguistiques de nos lecteurs ou même à oublier pour qui nous écrivons. Si nous ne faisons pas attention, nous pouvons nuire à la communication.
Les Canadiens veulent que nous communiquions avec eux de façon claire et directe… et c’est leur droit. Toutefois, bon nombre de rédacteurs ne se doutent pas que la littératie au Canada se porte plutôt mal. Dans les faits, selon l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA) réalisée en 2003, 48 % des citoyens âgés de 16 ans et plus, c’est-à-dire 12 millions de personnes, n’atteignent pas le niveau minimum de littératie requis pour fonctionner en société. Donc, lorsqu’à ce faible niveau de littératie s’ajoutent le jargon administratif et les idées confuses d’un grand nombre de documents gouvernementaux, la communication ne peut qu’échouer.
Les faibles compétences des Canadiens en littératie constituent l’une des plus importantes barrières à la communication. Bien entendu, la littératie ne se résume pas à savoir lire et écrire. En fait, on l’évalue en déterminant dans quelle mesure les gens comprennent ce qu’ils lisent et peuvent ensuite utiliser l’information recueillie, à la maison, au travail et dans la collectivité. Par le fait même, on évalue dans quelle mesure ils peuvent atteindre leurs objectifs, acquérir de nouvelles connaissances et développer leur potentiel.
Étant donné que les informations écrites sont présentées sous diverses formes et exigent différentes aptitudes, l’EIACA distingue deux types de « littératie » :
Compréhension de textes suivis
Comprendre et utiliser l’information de base qui figure dans des textes, comme des articles, des brochures et des manuels
Compréhension de textes schématiques
Trouver et utiliser de l’information dans divers types de documents, comme des formulaires, des cartes et des graphiques
On a établi cinq niveaux de littératie :
Niveaux | Caractéristiques des individus |
---|---|
1 |
Exemple de tâche réalisable : lire l’information sur un emballage d’analgésique |
2 |
Exemple de tâche réalisable : lire et remplir une demande d’emploi dans un restaurant à service rapide |
3 |
Exemple de tâche réalisable : lire et assimiler des consignes figurant dans un manuel |
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Selon l’EIACA, de nombreux Canadiens n’arrivent pas à lire les textes les plus simples. En effet, près de la moitié des adultes n’atteignent pas le niveau 3, c’est-à-dire le niveau minimum requis pour la compréhension de textes suivis.
La scolarité est sans conteste un facteur déterminant du niveau de littératie. Selon l’EIACA, les notes obtenues pour la compréhension de textes suivis augmentent de façon constante pour chaque année d’études complétée, tant chez les jeunes que chez les adultes. Cela dit, bien qu’il existe un lien étroit entre la scolarité et la littératie, cette corrélation n’est pas systématique. En effet, quelque 20 % des diplômés universitaires ont des compétences de niveau 2 et environ 2 % ont un profil correspondant au niveau 1.
En outre, les compétences en littératie d’une personne peuvent diminuer si elle communique dans une langue autre que sa langue maternelle. La dualité linguistique du Canada et son ouverture à l’immigration sont des facteurs déterminants de cette réalité.
La situation professionnelle et l’âge entrent aussi en ligne de compte. En général, les personnes occupant des fonctions très spécialisées ont un niveau de littératie élevé. Mais le niveau de littératie tend à diminuer avec l’âge, ce qui pourrait expliquer pourquoi 82 % des Canadiens de 66 ans et plus se situent aux niveaux 1 et 2. Cela n’explique toutefois pas qu’environ 38 % des 16 à 25 ans se situent également à ces niveaux.
L’EIACA constate que les problèmes de littératie touchent toutes les strates de la société. Le niveau de littératie étant faible, il est à la fois alarmant et décourageant d’apprendre que la majorité des documents gouvernementaux exigent un niveau 3, 4 ou 5 de littératie. Des millions de Canadiens ne comprennent pas ce que le gouvernement leur demande et ne savent pas comment utiliser l’information qu’on leur transmet. La communication échoue, et il faut y voir.
Pour faire tomber cet obstacle à la communication, il suffit de rédiger dans une langue claire et simple. Mais comment y arriver? Contrairement à la croyance populaire, il ne s’agit pas d’adopter un style puéril ou simpliste, ou encore d’aller à l’encontre des règles de la langue. Il s’agit plutôt d’énoncer un message de telle manière que la personne à qui il s’adresse ait de la facilité à lire, à comprendre et à utiliser l’information. En somme, il faut répondre aux besoins du destinataire par un vocabulaire courant, une présentation conviviale, de bonnes techniques de rédaction et un contenu logique et concis.
Un texte écrit clairement et simplement facilite la tâche de tout lecteur, quelles que soient ses capacités de lecture, parce qu’il lui permet d’extraire plus rapidement l’information recherchée. Pour qu’une communication soit réussie, elle doit toujours être claire, peu importe qu’elle s’adresse à un docteur en physique nucléaire ou à un élève du primaire. Et cela est d’autant plus important si elle s’adresse à des lecteurs dont le niveau de littératie est faible. Alors pourquoi rencontre-t-on encore des mots comme « indigence », « innocuité » ou « condition sine qua non » dans des textes destinés au grand public? Les statistiques le prouvent : tous les citoyens ne sont pas en mesure de comprendre ces termes.
La rédaction en langue claire et simple n’offre que des avantages, tant pour les langagiers et les citoyens que pour le gouvernement. Si elle devenait pratique courante,
les langagiers
les citoyens
le gouvernement du Canada
Comment écrire dans une langue claire et simple? C’est la question à laquelle nous répondrons dans les prochains numéros. Nous traiterons des trois principes de la langue claire et simple, soit la lisibilité, l’intelligibilité et l’utilisabilité des textes. En voici un avant-goût.
Un texte lisible est un texte que le lecteur peut décoder facilement. En fait, la lisibilité concerne le vocabulaire, la structure syntaxique, la présentation, etc. Elle renvoie aux principes de rédaction indépendamment du sens du texte.
Qui dit intelligibilité dit clarté, pertinence, cohérence et cohésion. Ce principe concerne le choix de l’information, l’organisation du contenu, le découpage du texte et plusieurs autres facteurs liés au sens.
L’utilisabilité est étroitement liée à l’efficacité. Mais attention! un texte clair n’est pas nécessairement efficace. Le type de document choisi est-il adapté aux besoins des lecteurs? Les tâches demandées sont-elles concrètes, faciles à réaliser, divisées en étapes? Ce ne sont là que quelques-unes des questions que le rédacteur doit se poser pour savoir s’il a atteint l’objectif de la communication, car la finalité d’une communication est l’action et le résultat.
En somme, le langagier doit être conscient que la lisibilité, l’intelligibilité et l’utilisabilité sont des concepts qui vont de pair. Et que même s’il sait manier les mots, c’est le lecteur qui, au bout du compte, interprète le contenu d’un texte et ainsi juge son travail.
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