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Selon la source consultée, chacun peut y voir ce qu’il veut, comme en font foi les définitions du terme wiki trouvées sur la Toile. Voici quelques mots-clés tirés de ces définitions :
gestion de contenu; dynamique; modifiable par tous; vite; facilement; scripts; travail collaboratif.
C’est un peu comme le fromage; il y en a pour tous les goûts. Je m’attarderai à deux aspects en particulier : la collaboration et la création rapide de contenu.
Les wikis contribuent à un des mouvements qui libèrent l’humanité. Le contexte quelque peu anarchique rappelle d’ailleurs celui des grands mouvements sociaux de jadis. Les fauteurs de l’ordre et autres assoiffés de puissance réussiront probablement à stabiliser ce mouvement jusqu’à le scléroser… et ainsi à favoriser l’émergence d’autres innovations.
Le travail collaboratif est probablement inscrit dans nos gênes, pour la survie de l’espèce humaine. Les catastrophes naturelles, comme la crise du verglas vécue ici au Québec en 1998, permettent de constater à quel point l’urgence de certaines situations génère la créativité et la collaboration, parfois même entre des gens qui ne s’aiment pas beaucoup.
Avec Internet et le village mondial, tout le monde est à un clavier et un écran de distance. Naguère, les communications entre les continents limitaient grandement la collaboration à distance. Les tarifs téléphoniques, les fuseaux horaires et bien d’autres facteurs, notamment les langues, limitaient encore davantage cette collaboration.
Depuis quelques années, le public non seulement consomme du contenu, mais il en produit (pour le meilleur et pour le pire). À la surprise de certains spécialistes, la mise en commun de compétences de bénévoles donne parfois d’excellents résultats, et la création spontanée de contenu augmente à une vitesse phénoménale. Wikipédia a gagné ses lettres de noblesse quand on a prouvé qu’elle constitue bel et bien une source de renseignements aussi valable que les produits du commerce d’il y a quelques années. Bien d’autres initiatives de ce genre progressent, regroupant des communautés qui s’intéressent à un aspect de la vie humaine en particulier.
À l’évidence, les wikis font partie des espaces de travail ayant le plus favorisé les travaux collaboratifs peu ou pas hiérarchisés. Après avoir conquis le monde des communautés sans but lucratif, voilà que cette nouvelle façon de faire envahit aussi le commerce et les grandes organisations1.
Des foules plus ou moins anonymes côtoient désormais les employés de très grandes sociétés comme IBM et Microsoft. La reconnaissance du travail accompli constitue la motivation première des contributeurs « anonymes ».
Donc, les wikis font partie des outils informatiques permettant d’arriver à un résultat de plus en plus vite, en possédant de moins en moins de connaissances spécialisées. Puisque toute vérité comporte une part de paradoxe, notons que certains de ces outils offrent tellement de possibilités qu’il faut compter sur l’aide de spécialistes du wiki pour démarrer.
Néanmoins, il existe bel et bien des situations où, en quelques heures, on peut mettre en place une solution complète permettant à une communauté d’intérêts d’interagir. Événements sportifs, conférences, généalogie : les applications ne manquent pas. Il y en a sur presque tout et pour presque tout le monde.
Pour nous, langagiers, le mode de travail collaboratif et les wikis constituent à la fois une menace et une source intarissable de nouvelles possibilités qui nous rappellent un peu l’arrivée de la micro-informatique au début des années 80.
La menace vient du fait que des non-spécialistes de la langue peuvent faire du travail spécialisé, donc envahir nos champs de compétence, comme le démontrent les Wikipédia, Firefox et autres fruits merveilleux du travail collaboratif.
En théorie, une partie du travail habituellement fait par des langagiers sera fait par des bénévoles, par des passionnés et autres dilettantes. Cette tendance va-t-elle réduire le besoin de spécialistes ou au contraire l’augmenter, non sans avoir transformé complètement le paysage?
Les spécialistes de la mise en page qu’étaient les typographes sont-ils devenus inutiles, ou font-ils au contraire de plus en plus cruellement défaut depuis que les handicapés du graphisme sévissent même dans les pages Web d’organismes prestigieux?
Le contenu d’une qualité indéniable qu’offrent certains environnements wikis a été rédigé ou traduit par des bénévoles. Oui, une partie du travail autrefois réservé à des spécialistes peut maintenant être fait par la foule.
Les nouvelles possibilités appartiennent aux gens qui savent s’adapter. Ça tombe bien, car depuis belle lurette les langagiers se sont adaptés plus que quiconque aux nouveautés en tout genre. Combien de comptables, d’avocats, d’ingénieurs ou même d’informaticiens doivent utiliser régulièrement plus d’une dizaine de logiciels? L’adaptation, c’est l’ADN des langagiers.
Les wikis pourraient un jour favoriser tout ce qui suit :
Les avantages éventuels sont nombreux. Hélas, à l’heure actuelle, il est bien triste que de petits détails qui seraient plutôt faciles à régler rendent l’édition de texte à l’aide d’un wiki à peu près aussi agréable qu’une tempête de neige au mois d’avril au Canada. Espérons que les améliorations ne se feront pas trop attendre.
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