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Comment normaliser les noms géographiques étrangers?
On croit à tort que tous les pays ont un nom bien arrêté en français. Ce n’est pas tout à fait exact, comme l’illustre le cas de la Malaisie, un pays qui cause parfois bien des… malaises aux langagiers. Malaisie ou Malaysia? Beaucoup sont d’avis que le terme Malaisie est employé de façon erronée au sens de Malaysia. Selon eux, la Malaisie couvre seulement la péninsule située au sud de la Thaïlande, la Malaysia étant cet État couvrant aussi la partie nord de l’île de Bornéo. Ils divisent donc la Malaysia en Malaysia occidentale (ou Malaisie tout court) et en Malaysia orientale. C’est la position du Robert des noms propres (1994).
De son côté, le Petit Larousse 98 emploie Malaisie pour désigner le pays dans son ensemble et signale que Malaysia est l’équivalent anglais de Malaisie. Pourtant, des éditions antérieures du Larousse parlent de l’État de Malaysia, décrit de la même manière que dans le Robert des noms propres. Néanmoins, le nom officiel du pays aux Nations Unies est bel et bien Malaysia en anglais et Malaisie en français. C’est donc la solution que nous proposons au lecteur.
On voit donc que la graphie d’un exonyme – forme savante pour « nom géographique étranger » – peut varier à l’intérieur d’une seule langue. Alors imaginez la cacophonie d’une langue à l’autre…
C’est pourquoi la question de la normalisation des noms géographiques est à l’ordre du jour aux Nations Unies, et ce depuis 1959, année de la création du Groupe d’experts des Nations Unies pour les noms géographiques. Le Groupe s’est d’ailleurs réuni à New York en janvier 1998 et a notamment décidé de créer une Commission permanente pour les noms géographiques. Beaucoup de discours-fleuves couleront sous les ponts avant que l’on s’entende sur la graphie de la rivière russe Ienesseï (ou bien Jenissei ou Yenisey). Et que penser de Kapstadt, aussi appelée Kaapstad, Ekapa, Cape Town et Kapkaupunki? De quoi perdre… Le Cap.
Alors ne serait-il pas plus simple d’uniformiser tous les exonymes? Autrement dit un seul nom dans toutes les langues. Ouf! c’est radical. Ainsi, vous iriez admirer le David de Michel-Ange à Firenze, et non plus à Florence. Désormais, le Parthénon serait situé à Athinai… bref, vous voyez l’idée.
Mais il y a loin de la coupe aux lèvres, mon cher Socrate. On n’a qu’à songer à la résistance qu’opposent francophones et anglophones à Beijing pour mesurer tout le chemin qui nous reste à parcourir. Parions qu’encore une fois l’usage aura le dernier mot sur les belles résolutions.
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