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Après avoir obtenu mon diplôme en traduction, j’ai étudié en informatique. J’ai été un témoin privilégié de l’évolution de la micro-informatique depuis 1981, époque où même les revues qui traitaient d’informatique en français étaient rares.
En 1985 la traduction de logiciels allait bon train. Les sociétés constataient qu’elles accédaient à de nouveaux marchés en trouvant un distributeur et en payant quelques milliers de dollars pour la traduction. Au début, les sociétés empochaient un joli pactole. Ensuite, elles constataient qu’elles devaient dorénavant assurer le développement multilingue, déboguer séparément chaque version, répondre à des appels de service en d’autres langues. La complexité dans toute sa splendeur, quoi.
Rapidement, on a vu apparaître des solutions à ce problème de complexité, notamment des logiciels conçus dès le départ pour une diversité de langues cibles où le contenu textuel est indépendant du code.
Mieux encore, l’industrie a développé des logiciels conçus pour gérer les spécificités locales comme les formats d’heure, de devises, etc. Par exemple, les données financières suivantes dans un tableur s’affichent automatiquement selon les préférences de l’utilisateur.
Données financières en version canadienne-anglaise.
$5,285.33
$125,322.35
Mêmes données affichées en version canadienne-française.
5 285,33 $
125 322,35 $
Bref, l’utilisateur moyen n’a vraiment pas à se plaindre. L’informatique sert de mieux en mieux les gens dans leur langue, y compris dans certains créneaux de spécialité.
Dans ce cas, pourquoi donc les langagiers sont-ils le plus souvent servis seulement en anglais? J’avoue humblement qu’il m’a fallu un bon bout de temps pour comprendre.
La réponse est pourtant toute simple. C’est la logique commerciale qui prévaut. On ajoute quelque chose au produit, ou on fait traduire quand on pense que cela peut faire augmenter les ventes.
Or personne n’a pris la peine de démontrer aux concepteurs de cette catégorie de logiciels qu’ils en vendraient davantage si leurs produits étaient disponibles dans une langue X ou Y.
En outre, les grands clients des concepteurs sont souvent des sociétés qui impartissent leurs services langagiers. Ils ont sur place un ou des gestionnaires de projets dont la langue de travail est l’anglais.
Les multinationales du logiciel ont livré leurs logiciels en diverses langues parce qu’elles savaient que sinon, elles se priveraient d’une part de la clientèle qui contribue aux profits. Dans l’absolu, certaines vendent maintenant plus de copies de leurs logiciels en langues « étrangères » qu’en anglais. Certains utilisateurs, même capables de travailler en anglais, ont revendiqué et obtenu des versions locales qui leur procurent un plus grand confort d’utilisation.
Il appartient donc à la communauté langagière de signaler aux producteurs qu’elle tient à avoir des logiciels localisés.
On fournit des logiciels de traitement de la langue en version locale seulement quand le « luxe » devient une nécessité. Notamment quand les clients exigent une version locale ou quand les lois et règlements locaux l’imposent.
Ainsi, il est intéressant de constater qu’au Canada, l’industrie de la langue produit généralement des logiciels dans les deux langues officielles. En plus des lois, les concepteurs savent que le grand public appuierait les langagiers s’ils se plaignaient que des produits ne sont pas disponibles en anglais ou en français.
Quand vous rencontrerez les représentants des concepteurs de logiciels de traitement de la langue, faites-vous entendre, c’est aussi simple que cela. Si vous êtes suffisamment nombreux à demander un produit, vous l’obtiendrez.
L’optimiste en moi parie que nous verrons bientôt des versions en langues crie et inuktitut. Langagiers, à vous de jouer!
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