This version of Chroniques de langue has been archived and won't be updated before it is permanently deleted.
Please consult the revamped version of Chroniques de langue for the most up-to-date content, and don't forget to update your bookmarks!
Les grands bouleversements technologiques et sociaux d’il y a 20 ans ne ressemblent en rien aux bouleversements actuels. Pour faire une analogie, c’est comme si on comparait un tremblement de terre de niveau 1 à un séisme de niveau 8.
Si j’avais 20 ans aujourd’hui, je serais à la fois paniqué et emballé par tout ce qui arrive, tant sur le plan technologique que sur le plan social.
Si vous me le permettez, je vais d’abord vous présenter le pire. Je terminerai par le meilleur.
Prenez le vocabulaire. Autrefois, des plaisantins pouvaient espérer se faire inscrire sur la liste électorale en prétendant être callipyge. Il suffisait de dire sans rire au recenseur qu’un callipyge travaille dans le domaine de la calligraphie. De nos jours, soyez assurés que quiconque – même un quasi-analphabète – aura comme premier réflexe de chercher callipyge sur Internet. Il découvrira très rapidement que ça n’a rien à voir avec la calligraphie. Coincés, les plaisantins!
Vous devrez donc faire preuve d’une vigilance exemplaire et serez toujours confrontés à ces gens qui iront voir partout sur Internet et qui remettront constamment vos choix et vos décisions en question.
Pis encore, ils iront même parfois jusqu’à fouiller dans des outils conçus à l’origine pour des langagiers, mais aujourd’hui rendus accessibles à tous, comme TERMIUM Plus®. Pressés, ils ne se taperont évidemment pas le mode d’emploi, ne liront pas les remarques, ni même toutes les fiches, mais présumeront que le premier terme trouvé est le plus fréquent, donc le meilleur.
Ensuite, ils vous assèneront la référence à l’appui de leurs récriminations, comme autrefois certains citaient à tort et à travers des auteurs connus. Vous devrez donc développer un talent extraordinaire afin d’expliquer à ces gens qu’ils en ont manqué un petit bout.
Non seulement ils mettront en doute la qualité de votre travail, mais aussi ils iront jusqu’à affirmer que votre raison d’être même tire à sa fin. L’œil revanchard, les cancres des cours de français et d’anglais vous annonceront avec un grand sourire que vous appartenez à une espèce en voie de disparition.
« En effet, vous diront-ils, la traduction automatique n’arrête pas de progresser. » Pourtant, s’ils scrutaient le produit de la traduction automatique avec autant de frénésie qu’ils s’acharnent sur vos textes, ils verraient bien que la traduction automatique a encore des croûtes à manger.
Vous devrez avoir une dose incroyable de patience pour expliquer encore et encore à ces gens que, quoi qu’ils en pensent, savoir lire et écrire est encore vital. Vous devrez leur dire que s’ils avaient tout lu, ils auraient compris que les moteurs de traduction réutilisent le savoir des langagiers.
Les adorateurs du veau d’or technologique ne savent pas qu’en fait, nous sommes le carburant qui fait tourner le moteur de la traduction automatique, que nous sommes le frein sur la piste de l’absurdité. Vous devrez leur expliquer cela et, je vous avertis, ils prêchent avec une ferveur inimaginable.
Les bonnes nouvelles maintenant. Je vous dirais que les nouveaux médias que vous aimez tant seront tôt ou tard récupérés complètement par les grandes institutions. Déjà, certaines formations politiques utilisent les médias sociaux à des fins partisanes.
Si ce n’est pas nécessairement une bonne nouvelle pour la démocratie, c’en est certainement une pour ceux qui rédigent, traduisent, révisent et s’assurent, en général, que les communications écrites sont de bonne qualité.
En outre, puisque vous êtes plus habitués à ces modes de communication que vos aînés, vous serez mieux placés qu’eux pour bien adapter aux destinataires ces messages express. Les blogues, wikis, tweets, forums et autres formes de nouvelles communications devront être revus par des langagiers dès lors qu’ils seront récupérés par les institutions.
De plus, n’en déplaise à ceux qui annoncent la fin de l’ère du papier, l’arrivée d’un nouveau média ne signifie pas toujours la disparition de l’ancien. Il y a environ 50 ans, certains pensaient que la radio et les journaux allaient disparaître avec l’arrivée de la télévision et traitaient les jeunes de génération d’« idiots visuels* ».
L’autre bonne nouvelle, c’est que le balancier risque maintenant de favoriser les lettrés et la diversité. Le règne de la convergence culturelle qui sévit aujourd’hui ne saurait être éternel. Les illusions sont de plus en plus courtes, puisque l’information circule de plus en plus vite.
On devrait donc bientôt redécouvrir le charme de la différence et des cultures distinctes après quelques années de mondialisation où seul le profit financier comptait.
Les défis et les possibilités sont à la mesure de l’époque, innombrables! J’ai confiance en vous, comme j’ai confiance en mes fils qui feront aussi bien ou mieux que leurs parents.
Jeu de mots avec audiovisuel. *
© Public Services and Procurement Canada, 2024
TERMIUM Plus®, the Government of Canada's terminology and linguistic data bank
Writing tools – Chroniques de langue
A product of the Translation Bureau