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Les rédacteurs ont la fâcheuse habitude de créer des sigles pour tout et pour rien, surtout pour rien. Les langagiers brûlent leurs neurones à tenter de déchiffrer des hiéroglyphes qui, au départ, devaient faciliter la lecture, non pas la rendre pénible.
Il importe tout d’abord de définir le mot sigle : « Groupe de lettres initiales constituant l’abréviation de mots fréquemment employés » (Petit Larousse). Ne pas confondre avec l’acronyme, dont les lettres ne sont pas prononcées séparément, mais comme un mot.
Le monde des relations internationales comporte son lot de sigles et d’acronymes, mais ce n’est rien si l’on compare à la langue technique ou de la défense. Ils sont évidemment plus abondants en anglais, et certains n’ont pas d’équivalent dans notre langue.
Citons trois exemples : Former Soviet Union, Former Yugoslavia et Republic of Korea. Les sigles correspondants, FSU, FY et ROK, ne sont pas utilisés en français. Par contre, d’autres sigles sont traduits : UK, GB, FYROM, UAE et PRC. Vous avez sûrement reconnu les États suivants : RU, GB, ERYM, EAU et, celui-là est célèbre, RPC.
Non? Pourtant, ces États sont bien connus : le Royaume-Uni (RU), la Grande-Bretagne (GB), l’ex-République yougoslave de Macédoine (ERYM), les Émirats arabes unis (dont le sigle EAU est assez amusant) et la République populaire de Chine (RPC).
Tout devient évident, une fois les sigles déchiffrés. Mais c’est justement l’ennui avec les sigles : il y en a toujours quelques-uns qu’on ne reconnaît pas. Le problème est de taille, et les Champollion que nous sommes se tournent naturellement vers les dictionnaires, qui n’en recensent qu’un faible nombre. Pour obtenir une nomenclature exhaustive, il faut consulter des sites Web spécialisés, comme AcronymFinder, où l’abondance devient un nouvel obstacle. La prolifération des sigles dans toute sa splendeur.
La Corée est un cas intéressant, puisque le pays est divisé en deux États : la République de Corée, appelée Corée du Sud, et la République populaire démocratique de Corée, appelée Corée du Nord. Soulignons que les deux appellations comportant le point cardinal ne sont pas officielles.
L’anglais utilise parfois les sigles indigestes ROK et DPRK. Le premier n’a (heureusement) aucun équivalent en français, tandis que le second devient RPDC. Le moins qu’on puisse dire est que, tant en anglais qu’en français, on ne reconnaît pas le pays du Matin calme.
Les rédacteurs parlent souvent de la People’s Republic of China, rendue par PRC. Dans ce cas-ci, on peut dire qu’il s’agit d’un double abus. Chacun sait que la Chine vit sous un régime communiste depuis 1949, alors pourquoi énoncer continuellement son nom officiel de république populaire? Appellation trop longue, qu’on s’empresse de raccourcir par PRC en anglais et par RPC en français. Quand on y pense, le sigle permet, dans les deux langues, une économie de deux lettres (!) par rapport au mot Chine ou China. Vaut-il vraiment la peine de se cramponner à un sigle qui, par-dessus le marché, pourrait ne pas être compris par certains lecteurs? Poser la question, c’est y répondre.
Commençons par l’Organisation des Nations Unies, qui donne l’acronyme ONU. En anglais, United Nations Organization devient UN, tout simplement un sigle, dans ce cas-ci.
Dans la presse européenne, les acronymes sont en minuscules et conservent la majuscule à la lettre initiale, ce qui donne à l’appellation l’allure d’un mot. Parmi les plus connus, mentionnons Onu, Otan, Unesco, Aléna et Caricom. Comme on le voit, la graphie employée peut surprendre, mais on s’y habitue, à la différence des sigles abusifs… Au Canada, on verra plutôt ONU, OTAN, UNESCO, ALENA et CARICOM.
Comment éviter la prolifération des sigles? En évitant d’en employer pour une notion, un groupe, un pays, dont il ne sera plus question dans le texte. On peut aussi toujours se rabattre sur le mot-clé d’une expression. Par exemple, la République démocratique du Congo pourrait être appelée République dans le reste du texte, s’il n’y a aucune confusion, quitte à employer le sigle RDC de temps à autre pour varier. Si le texte est long, il convient de rappeler au lecteur le sens du sigle en l’énonçant au long, pour lui éviter de revenir aux pages initiales du document. La lecture du texte en sera considérablement allégée, de même que l’humeur du lecteur.
CQFD.
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