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Juridictionnaire

altération / altérer

  1. Le é du verbe altérer se change en è devant un e muet, sauf à l’indicatif futur et au conditionnel présent : altère, altéreront, altérerais.
  2. Le verbe altérer et son substantif altération expriment quasi toujours une modification en mal par rapport à un état normal, un changement avec dégradation, alors que les mots anglais "to alter" et "alteration" se disent de tout changement, en bien ou en mal.

    On évitera en conséquence de dire : « L’auteur a fait des [altérations] à son texte. » et on dira « L’auteur a apporté des modifications, des corrections à son texte. ». On ne dira pas d’un édifice qu’il est fermé [pour cause d’altérations], mais qu’il est fermé pour cause de réparations, de rénovation, de transformations. On se gardera d’écrire « L’ordre du jour de la réunion a dû [être altéré] »; on dira plutôt « L’ordre du jour de la réunion a dû être modifié, changé ».

    L’altération des conditions de vie, ou de la concurrence, d’une situation économique ou de l’environnement implique une dégradation. Il en est de même dans les exemples suivants : L’altération des marchandises en cours de transport. « La chaleur a altéré la viande. » « Les changements de température altèrent le vin. »

    Altération de la santé, des facultés physiques ou mentales d’une personne. « L’alcoolisme a altéré profondément sa personnalité. » « L’âge a altéré ses facultés. » « La colère altérait son jugement. » Altération des traits du visage, de la voix (provoquée par une émotion qui modifie profondément le comportement de la personne en question). « La peur altérait les traits de son visage. » « Le témoin a déclaré d’une voix altérée… » ("in a broken voice"). En traduction, altération dans ce contexte rendra le terme anglais "impairment", qu’on évitera d’ailleurs de traduire, comme on l’a fait dans la Loi sur la réadaptation professionnelle des personnes handicapées du Nouveau-Brunswick et dans sa version fédérale équivalente par [diminution de la puissance physique ou mentale].

  3. Le verbe altérer et son substantif altération indiquent également une modification qui a pour effet de falsifier, de dénaturer qqch., d’en fausser le sens ou la valeur, un changement fait dans le dessein de tromper : « Il faut entendre ici par ’altération’ tout fait volontaire de l’homme qui aurait dénaturé la substance de l’acte. ». Rétablir un acte altéré. « Le demandeur doit démontrer que l’acte n’a point été altéré. » « La falsification est l’altération d’une pièce authentique, tandis que la contrefaçon est l’imitation frauduleuse d’un document authentique. » Altération des monnaies. Au figuré, le sens est le même : « Ce témoignage altère gravement la vérité. » « Ce compte rendu semble altérer la vérité, les faits. »

    Dans ces différents exemples, les équivalents anglais seraient : "to distort", "to tamper with", et également, ainsi qu’en témoigne le paragraphe 366(2) du Code criminel (Canada), "to alter" : « Faire un faux document comprend : a) l’altération, en quelque partie essentielle, d’un document authentique; ou l’article 145 de la Loi sur les lettres de change (Canada) : « Est notamment substantielle toute altération : a) de la date; b) de la somme payable, c) (…) » « La lettre n’a pas été altérée. ». Barrement altéré par oblitération ou addition. Altérer le barrement d’un chèque. Altération essentielle et altération accidentelle (en matière de lettres de change).

  4. Le mot altération désigne également l’élément altéré, le défaut : « Ces altérations sont facilement mises en évidence par l’observation du document en transparence. »
  5. Ce n’est que très rarement qu’altération et altérer expriment un changement sans détérioration. On dira, par exemple, en linguistique : « Ces mots ont subi des altérations de sens. » « Le sens de ce terme s’est altéré au cours des siècles. ». Mais même dans ces contextes, l’altération sous-entend la détérioration, le manque de pureté.
  • CIRCONSTANCE.
  • PRÉVENU.