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Dans pareil contexte, la défense de diligence raisonnable constitue un moyen qui leur permet, en cas de contestation judiciaire, d’apporter la preuve qu’ils ont pris toutes les précautions nécessaires pour prévenir tout grief ou en atténuer le plus possible les conséquences.
En termes généraux, la diligence se conçoit comme le soin, l’attention, l’application, la célérité, l’efficacité que l’on se trouve en droit d’exiger d’une personne prudente dans l’accomplissement d’une tâche précise ou l’exécution d’une fonction particulière. « La loi oblige les personnes physiques à faire preuve de la diligence raisonnable nécessaire pour éviter les actes ou les omissions qui, selon ce qu’elles peuvent raisonnablement prévoir, seraient susceptibles de causer un préjudice à autrui. » Ce principe général s’étend aux personnes morales et à l’autorité publique.
La diligence normale ou commune est conçue comme correspondant au soin que quiconque est tenu d’apporter à l’exercice de ses activités ou à la conduite de ses affaires, la diligence considérable étant d’un degré supérieur à celle-ci et la diligence légère, d’un degré inférieur.
La diligence connaît évidemment toute une série d’autres qualifications. Diligence réciproque, diligence hors connexité d’intérêts. Ainsi, en common law, elle peut être opportune ("due", étant requise ou due), nécessaire ("necessary"), raisonnable ("reasonable"), appropriée ("appropriate") ou suffisante ("adequate"). Le devoir de diligence ("duty of care") est dit particulier ("special") lorsqu’il s’applique à des gens d’affaires, à des professionnels et à des spécialistes.
Le mot devoir se dit surtout dans des contextes où il revêt un caractère moral, social ou professionnel, le mot obligation étant usité quant à lui par rapport au lien de droit qu’elle crée entre deux ou plusieurs personnes, lequel emporte obligation d’exercer une diligence opportune.
Le devoir relève d’un impératif de conscience qui commande de respecter les prescriptions que dictent la morale et le droit, tandis que l’obligation est un lien de droit qui tire son origine d’un contrat ou d’un engagement intervenu entre des personnes. Il évoque une nécessité personnelle d’agir dans un certain sens à l’égard d’autrui, alors que l’obligation s’exerce dans le cadre d’une prestation conventionnelle ou légale. C’est le point de vue adopté qui commande l’emploi de l’un ou l’autre terme.
Ainsi, en matière de responsabilité professionnelle, le salarié est tenu d’exécuter son travail avec prudence et diligence et d’agir avec loyauté et honnêteté envers son employeur : tel est, en ce qui le concerne, son devoir de diligence. Mais, la loi impose à l’employeur une obligation de diligence à l’égard de son salarié afin de permettre à ce dernier d’accomplir ses tâches, de recevoir une juste rémunération et de prendre les mesures nécessaires en vue de protéger sa santé, sa sécurité et sa dignité. Le non-respect par le premier de son devoir ou le désengagement du second par rapport à son obligation équivaut à une faute de prudence et à une négligence grave.
Si le médecin a le devoir de soigner, le témoin a l’obligation de témoigner. Le devoir est une obligation interne au sujet, l’obligation juridique est externe, elle est une contrainte. Toujours au sujet du médecin, on dira que si, de par sa profession, il a le devoir de soigner ses patients, il a, à leur égard, une obligation fiduciale. Sa conduite est régie par les normes de pratique et la réglementation émanant de son Ordre. Son obligation, c’est la législation qui la lui impose.
Le devoir de diligence trouve sa qualification suivant le sujet de ce devoir (devoir de diligence parental), le domaine du droit dont il relève (devoir de diligence délictuel, civil, pénal, fiducial), son origine ou son régime juridiques (devoir de diligence d’origine législative, devoir de diligence en common law, en droit civil), ou sa nature, son degré (devoir de diligence commun, opportun, raisonnable, devoir positif de diligence).
Dans le droit des obligations, le créancier d’une obligation de diligence, ou obligation de moyens en régime civiliste, afin de pouvoir prouver que l’obligation du débiteur est demeurée inexécutée, doit établir que ce dernier n’a pas agi avec la prudence et la diligence d’une personne raisonnable.
Par conséquent, la diligence étant conçue comme un devoir, on évitera d’employer un pronom indéfini, un terme vague ou une périphrase, ou encore la répétition du mot devoir, si on dit, par exemple, que le tiré a le devoir de s’assurer de la capacité et du pouvoir du présentateur de recevoir le paiement, et on commencera la phrase par les mots Cette diligence.
Il convient de rapprocher ce principe de la théorie conçue par Ihering, celle de la culpa in contrahendo (faute dans la conclusion du contrat), selon laquelle la partie qui fait annuler son contrat du fait de l’existence prétendue 1 et 2 de vices est responsable du préjudice causé au contractant par suite de l’annulation. « Pour Ihering, le père de la culpa in contrahendo, c’est aux termes d’une convention tacite entre les parties aux pourparlers que chacun s’engage à respecter une diligentia in contrahendo. » Il y a donc, selon lui, une obligation précontractuelle de soin, de loyauté ou de bonne foi qu’il qualifiait de contractuelle.
En droit civil, le principe de base est que le seul fait d’entretenir une négociation engendre entre les négociateurs un rapport de confiance qui les oblige à la diligence.
La due diligence en droit international, encore appelée diligence requise, s’entend plus généralement du « minimum d’efforts qu’un État doit entreprendre pour mettre en œuvre les droits humains dans la pratique. » « C’est avant tout la Cour de justice interaméricaine pour les droits de l’homme qui applique et développe le principe de la diligence due dans sa jurisprudence. »
l’expression faire ses diligences contre quelqu’un s’emploie dans le style soutenu et dans la langue de la pratique au sens d’intenter une action ou des poursuites contre quelqu’un. La partie diligente est celle qui fait les diligences, qui intente une action en justice. Faire ses diligences contre un tiers.
Cette locution est fort usitée. Elle permet de désigner l’instigateur d’une procédure ou la personne qui en provoque la reprise après sa suspension ou son interruption. « Dès l’achèvement d’une mesure d’instruction, l’instance se poursuit à la diligence du juge, ce qui lui donne pouvoir d’entendre immédiatement les parties. » En cas de renvoi introduit devant la juridiction primitivement saisie, on dit que l’instance se poursuit à la diligence du juge.
En droit, est diligent celui qui ne fait pas preuve de négligence. Le porteur diligent est ainsi qualifié par opposition au porteur négligent. Le Code du commerce français prévoit que le porteur diligent est celui qui, faute de paiement de l’effet impayé, fait dresser protêt à bref délai (le lendemain de l’échéance), se réservant ainsi les facilités de recouvrement spéciales au droit cambiaire. « L’établissement du protêt fait partie des diligences qui incombent au banquier qui s’est chargé de l’encaissement. »
La partie diligente, la plus diligente se dit, s’agissant d’actes pouvant être accomplis à l’initiative de plusieurs personnes, de celle qui les accomplit la première, en faisant preuve de célérité et d’un esprit disposé à la mise en mouvement d’une action. Parent le plus diligent. Sur la pétition du plus diligent des intéressés. À la demande du plus diligent. « En cas de désaccord, le mandataire sera désigné en justice à la demande du plus diligent. » « La réception de l’acte intervient à la demande de la partie la plus diligente. » « Il a été statué sur le bien-fondé de la demande à la requête de la partie la plus diligente. »
Diligenter immédiatement, sur-le-champ, rapidement, instantanément constituent des pléonasmes légers qui, par la création d’un effet d’insistance, soulignent le caractère urgent d’une affaire. « L’objectif de cette initiative est de permettre aux autorités répressives de diligenter rapidement les enquêtes qui s’imposent. » « Le comité a demandé au gouvernement de diligenter immédiatement une enquête judiciaire indépendante sur les actes commis afin de dissiper les contradictions dans les preuves fournies. » « Le chèque vaudra, comme moyen de preuve, dans le cadre de l’action en paiement diligentée rapidement par le porteur à l’encontre de son débiteur. »
Verbe dérivé de l’adjectif diligent, du latin diligere, diligenter signifie, selon les dictionnaires généraux, hâter, presser la conduite, l’exécution de quelque chose. Diligenter une affaire, des préparatifs. Dans le style soutenu, on définit en France l’information comme une instruction judiciaire diligentée (c’est-à-dire conduite, mise en œuvre, exécutée avec soin et diligence), notamment par le juge d’instruction. Le syntagme le plus fréquent dans l’usage est diligenter une enquête. On le trouve à la forme pronominale : se diligenter signifie se hâter, s’empresser de faire quelque chose.
En droit, le verbe diligenter peut désigner le fait de conduire une procédure, mais c’est aussi et surtout celui d’apporter tous ses soins, tout son zèle, à l’accomplissement d’une procédure, de se hâter de faire ce que le devoir commande de réaliser promptement.
En ce sens, l’expression diligenter une procédure signifie pour les parties au procès qu’elles doivent partager avec le tribunal la charge de favoriser une solution du litige qui soit équitable, efficace et raisonnablement rapide. « Les parties diligentent loyalement la procédure sous les charges qui leur incombent; il leur appartient d’accomplir les actes de la procédure dans les formes et délais requis. »
En droit, cette nuance se retrouve dans le trio célérité (promptitude dans la langue courante) diligence et prudence (vigilance dans la langue courante).
C’est en ce sens technique que l’on trouve des séries synonymiques formées à l’aide du mot diligence : soin et diligence, prudence, diligence et compétence, degré de soin, de diligence et d’habileté. Exercer une diligence et une prudence raisonnables.
La locution faire diligence vise l’obligation d’agir avec prudence et diligence. La diligence est associée à la prudence, mais elle s’en distingue. Par exemple, dans le droit des biens et de la propriété, le droit civil prévoit que, en cas d’obligation de moyens, le créancier doit prouver, afin de faire tenir le débiteur pour responsable, que ce dernier n’a pas exercé une diligence ou une prudence raisonnables dans la poursuite du but fixé.
© Centre de traduction et de terminologie juridiques (CTTJ), Faculté de droit, Université de Moncton