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Du point de vue du débiteur, la satisfaction du créancier s’opère par le remboursement de la dette à lui remettre et, du point de vue du créancier, elle s’effectue par le règlement de la créance que le créancier a sur le débiteur.
On ne peut pas dire, au sens anglais de l’expression, établir un fait, le prouver [à la satisfaction] du tribunal. On ne prouve pas un fait pour satisfaire aux intérêts du tribunal, mais pour le convaincre, pour lui fournir un élément de conviction. Il est impossible de concevoir que la preuve d’un fait constitue un sujet de satisfaction pour le tribunal. Le verbe établir suffit pour exprimer l’idée que la preuve a été produite d’une façon jugée acceptable ou satisfaisante par le tribunal. La preuve dont on dit qu’elle a été établie a nécessairement été jugée acceptable ou satisfaisante par le tribunal, sinon il ne l’aurait pas retenue.
Par conséquent, l’expression preuve établie d’une manière jugée acceptable ou satisfaisante est tautologique, l’idée qui exprime la manière dont la preuve a été reçue étant comprise dans le sens même du verbe établir.
Les verbes démontrer et prouver sont du même ordre. Il va de soi que les faits, les éléments de preuve qui sont démontrés, établis ou prouvés convainquent de leur véracité.
Le seul contexte dans lequel l’expression pourrait être justifiée serait dans celui où on entend préciser que, tout en l’acceptant, le juge a posé des conditions.
Le verbe satisfaire vient du latin satisfacere : littéralement, faire (facere) et assez (satis); il signifie s’acquitter d’une obligation, faire ce qu’on demande.
Le verbe peut être transitif direct (satisfaire ses créanciers, des besoins, des intérêts, des engagements, des promesses, des offres, des attentes, des dispositions 1 et 2, des stipulations, des buts, des suppositions, des aspirations, une idéologie). « Les droits-créances sont une catégorie de droits de l’homme qui supposent que l’individu est en droit d’exiger une action effective de l’État ou de la société pour satisfaire ses besoins. Ils s’opposent aux droits-libertés. »
Le verbe satisfaire est aussi transitif indirect (satisfaire à des conditions, à des devoirs, à des exigences, à des critères, à des obligations, à des normes, à des prescriptions, à des règles, à des principes, à des politiques, à des lignes directrices, à une échéance, à un mandat). « Le montant est insuffisant pour satisfaire à toutes les réclamations. » Satisfaire aux saisies-exécutions. « Le juge peut ordonner au shérif de prélever un montant suffisant pour satisfaire à une réclamation litigieuse. »
Ce verbe peut s’employer à la forme pronominale. Se satisfaire de lois inefficaces, d’une application jurisprudentielle précaire, du statu quo, de moins, de si peu.
La difficulté réside dans le fait qu’un même mot peut être complément direct ou complément indirect du verbe satisfaire : tout dépend du sens que l’on entend donner à l’idée à exprimer. Satisfaire des besoins, satisfaire à des besoins; satisfaire des intérêts, satisfaire à des intérêts.
La construction transitive directe permet d’énoncer l’obligation (ce qui est attendu, ce qui est exigé, ce que l’on doit faire pour contenter), tandis que la construction transitive indirecte permet d’énoncer l’exécution 1 (ce qui est fait, ce qui est réalisé). Dans le premier cas, l’accent est mis sur ce qui vient à soi : satisfaction réclamée; dans le second, ce qui doit sortir de soi pour accorder satisfaction.
Ainsi, on peut satisfaire des conditions (l’esprit conçoit que la satisfaction s’opère du fait qu’elles ont été arrêtées, définies, dictées, établies, fixées, imposées, indiquées, posées, prescrites, requises, signifiées, qu’on les a fait connaître, qu’on les a énoncées) comme on peut satisfaire à des conditions (l’esprit conçoit que la satisfaction s’opère en y répondant, en les remplissant, en les exécutant).
De même en est-il dans tous les autres cas : satisfaire une exigence (que l’on a fait connaître, que l’on a fixée, formulée, manifestée, motivée, relevée) et satisfaire à une exigence (y accéder, y céder, y obtempérer, s’y plier, s’y soumettre); satisfaire un objectif (dont l’atteinte, la réalisation est réclamée pour obtenir satisfaction) et satisfaire à un objectif (on l’atteint, on le réalise, on le remplit en y donnant réponse ou solution pour accorder satisfaction). Satisfaire une demande, une requête, une revendication.
Du point de vue des occurrences, la construction transitive indirecte est la plus courante. Ainsi, on relève six occurrences de satisfaire dans le Code civil français et toutes illustrent le cas de la construction transitive indirecte : être contraint de satisfaire à une obligation (trois occurrences), satisfaire à des exigences précises et déterminées à l’avance, satisfaire à des conditions de forme, satisfaire à son engagement.
© Centre de traduction et de terminologie juridiques (CTTJ), Faculté de droit, Université de Moncton